Un lac de barrage, une piscine, un aquarium et même les marécages sur lesquels s'est édifié Berlin : le dernier film de Christian Petzold est constitué d'histoires d'eau pour mieux revisiter le mythe d'Ondine. La façon dont Petzold modernise la légende, en lui gardant sa structure d'histoire d'amour romanesque et éperdue, est à l'aune du talent du meilleur cinéaste allemand du XXIe siècle. Tout est limpide dans Ondine et abrite plusieurs couches sédimentaires de récit. A commencer par l'histoire de Berlin qui est évoquée à l'occasion de plusieurs longs monologues de l'héroïne du film. Un pari culotté qui désarçonnera sans doute ceux qui pensent que le cinéma c'est d'abord de l'action, du rythme et des rebondissements incessants. Petzold n'a pas peur de prendre son temps et d'aborder plusieurs genres successivement : comédie, drame, fantastique, suspense, documentaire ... Le résultat est souvent poétique (les séquences sous-marines) et même magique. Petzold a eu la bonne idée de reprendre ses deux interprètes principaux de Transit : Franz Rogowski, acteur physique et ô combien subtil, et surtout Paula Beer, pour laquelle on a les yeux de Chimène depuis Franz. En sirène qui avertit son amant infidèle d'emblée : "Si tu me quittes, j'aurai l'obligation de te tuer" puis en amoureuse transie, elle est une fois de plus merveilleuse. Et puis, répétons-le, Ondine est avant tout un conte romantique, moderne mais éternel, qui rejoint les grandes histoires d'amour du cinéma de L'heure suprême de Borzage et Peter Ibbetson d'Hathaway aux Amants du cercle polaire de Medem. Quant à savoir à quelle heure Ondine ? N'importe quand, si Paula est de la partie !

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le 14 juil. 2020

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