C'est l'histoire d'un homme sous influence, le cas rare dans les archives du paranormal d'un metteur en scène possédé par un esprit retors : l'esprit du maître Alfred Hitchcock. A un point tel que Brian De Palma raconte ici « une histoire d'amour au climat étrange », terme employé par Hitchcock pour définir Sueurs froides, qui aurait pu être écrite par le maître du suspense lui-même. A un point tel que De Palma abandonne sa façon habituelle de filmer, avec intensité, pour adopter un ton sobre et une atmosphère de suspense diffus. Que ce soit le thème de l'attirance obsessionnelle du protagoniste pour une réincarnation de sa femme, inspiré de Sueurs froides, que ce soit la part importante prise par des dialogues étirés en longueur, le ton vintage des images Technicolor et jusqu'aux vagues musicales des cordes de Bernard Herrmann, tout porte à croire que c'est Alfred Hitchcock qui aurait réalisé le film.


J'avoue que j'ai été déçu en revoyant Obsession. J'avais en tête l'image de la basilique San Miniato al Monte à Florence et celle du cénotaphe bâti en mémoire de l'épouse et de la fille, images qui se répondent et reviennent en leitmotiv, et dans mon souvenir le cœur de l'énigme était à trouver au sein de l'église hantée et maléfique. Je pense que j'avais dû faire des micro-sommeils pendant le film dont le principal défaut est un rythme indolent au service d'une histoire « au climat étrange », ce qui donne envie de décrocher par moment. Et ce n'est pas la révélation finale parfaitement improbable qui va compenser le manque de rythme.


A cela s'ajoute l'interprétation de Cliff Robertson, le personnage principal qui incarne un promoteur peu sympathique, bien loin du charisme d'un James Stewart. Bien entendu certains d'entre vous bien plus connaisseurs de l’œuvre d'Hitchcock que moi-même relèveront pas mal de différences avec le modèle. Par exemple il n'y a pas de fétichisme pour une femme blonde puisque l'héroïne interprétée par Geneviève Bujold est brune ! Il n'y a pas non plus le long processus de transformation de la femme rencontrée en La femme rêvée. Mais reste le principal : la machination et le thème du double.


Au titre des satisfactions je mettrai la bonne interprétation de Geneviève Bujold et John Lithgow, et une histoire baroque qui maintient le suspense, ainsi que des belles vues de Florence période Renaissance, notamment la basilique San Miniato. L'histoire du kidnapping qui dissimule une machination complexe réussit à tromper le spectateur qui pense regarder un simple remake de Sueurs Froides. Et les cinéphiles fans de Hitchcock prendront sûrement beaucoup de plaisir à redécouvrir les mouvements de caméra du maître, les références non pas à un film mais à plusieurs d'Hitchcock jusqu'aux objets disséminés dans les scènes. Pour ma part je prends Obsession, qui aurait dû porter à l'origine le titre beaucoup plus adéquat mais peu vendeur de « Déjà vu », pour un exercice de style brillant mais assez vain. Mais c'était mon premier De Palma, alors forcément j'ai un faible pour Obsession.

Zolo31
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le 26 avr. 2022

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