Depuis ses débuts de réalisateurs avec "Ma vie en l'air", Rémi Bezançon a toujours démontré un talent certain pour capter l'esprit de la génération qui était alors la sienne, celle des jeunes trentenaires.
Par la suite, avec "Le premier jour du reste de ta vie" et "Un heureux évènement", cette tendance à incarner un cinéma générationnel s'est confirmée.
Elle se vérifie à nouveau dans "Nos futurs", une comédie dramatique dont le héros Yann, malgré une situation matérielle, professionnelle et sentimentale solide, semble toujours se chercher. Sa neurasthénie fait d'ailleurs le désespoir de sa future épouse, qui le pousse à réagir.
Il est alors amené à revoir Thomas, son meilleur ami perdu de vue depuis longtemps, qui applique justement un mode de vie exactement inverse : adolescent attardé, il n'a rien construit de durable et vit complètement au jour le jour.
Histoire de bousculer le destin et de faire revivre le passé, les deux compères retrouvés décident d'organiser une soirée qui rassemblera tous leurs anciens potes de lycée.
Sur cette trame prometteuse mais peu originale, Bezançon parvient à élever son métrage au-delà du simple film de potes un peu potache. Il n'évite certes pas certains clichés et autres scènes attendues (voire convenues), mais son scénario malin permet de balader le spectateur entre le rire et l'émotion pendant une heure et demie.
Il est bien aidé en cela par ses comédiens, à commencer par Pio Marmaï, son acteur fétiche, dans le rôle du joyeux luron immature, entouré de Pierre Rochefort en bourgeois morose qui apprend à se décoincer, et de Mélanie Bernier qui dégage décidément un charme particulier.
Du côté des seconds rôles, on notera la prestation convaincante de Kyan Khojandi ("On va pas carafer cette merde!"), et la présence discrète mais agréable de Roxane Mesquida, Camille Cottin, Laurence Arné et d'un Aurélien Wiik sévèrement enlaidi pour l'occasion.
Précisons bien que "Nos futurs" n'a rien d'un grand film inoubliable, plombé par trop de maladresses ou de facilités d'écriture, mais il a tout en revanche du bon moment de divertissement pas trop con, tel que le cinéma français grand public ne nous en offre que si peu.