Un film profondément imparfait, parfois malhabile voire franchement inepte dans ses intentions narratives mais qui nous hante inexplicablement et durablement après le visionnage... Le premier long métrage néanmoins très prometteur de Simon Rieth a de toute évidence son capital esthétique pour lui, enchaînant ses plans tous plus somptueux les uns que les autres à renfort de montage entièrement audacieux et rondement articulé. Véritable trip sensoriel en forme de conte fraternel mêlé d'amour et de violence Nos Cérémonies est de ces films au récit ténu comme un modeste funin, révélant deux jeunes acteurs au talent en demi-teintes : d'une part l'alopécique Simon Baur, flambeur des sentiments volant dans les plumes de la séduction, altier et fanfaron, jusque ce qu'il faut de vulgarité et d'inconsistance ; d'autre part le taciturne Raymond ( Baur, itou...), cadet du premier et peu à l'aise avec ses élans de bonté, ne la ramenant d'aucune façon ni en aucune circonstance, ténébreux du dehors mais lumineux du dedans...


Ces deux frères à l'écran comme à la ville ont indiscutablement "quelque chose" qui sied au cinéma : élégants, puissants, telluriques presque Simon et Raymond perdent en technicité ce qu'ils gagnent en pure et belle cinégénie. A l'image des cadrages, des plans-séquence et des effets visuels jalonnant cette fable éhontément naïve mais pleine de ferveur les frères Baur font corps avec la forme resplendissante proposée par Simon Rieth. A seulement 25 ans le jeune cinéaste propose une histoire d'amour dénuée d'ironie, sans peur d'aller droit dans le mur des quolibets et autres affronts critiques. Et si l'ensemble laisse de prime abord sur un sentiment très mitigé ( interprétation pas toujours juste voire parfois assez médiocre de certains comédiens, processus systémique d'un scénario souvent réduit à son concept, effets de mise en scène quelquefois grossiers et/ou un tantinet ratés, etc...) le souvenir que nous laisse son premier film est celui d'un conte paradoxalement sérieusement aimable et - in fine - poignant et obsédant. A voir absolument.

stebbins
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le 12 juin 2022

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