Nomadland est un film dramatique américain écrit, monté et réalisé par Chloé Zhao, sorti en 2020. Il s’agit d’une adaptation du livre du même nom « Nomadland: Surviving America in the Twenty-First Century » de Jessica Bruder, paru en 2017. Le film a obtenu le Lion d'or à la Mostra de Venise 2020, puis le Golden Globe du meilleur film dramatique et l'Oscar du meilleur film en 2021. En raison du confinement, il n’est sorti sur les écrans français qu’au printemps 2021.


Résumé


Fern (Frances McDormand), vivait jusqu’en 2011 à Empire (Nevada), devenue ville-fantôme après la fermeture de l’usine de plâtre où elle travaillait elle et son mari. Après le décès de ce dernier, elle se rend compte qu’arrivée à l’âge de la retraite, sa minuscule pension ne lui suffira pas pour vivre et qu’elle devra travailler. Elle vend alors tous ses biens pour acheter un van et part à l’aventure. Au cours de son périple vers l’Ouest, Fern va accepter tous les emplois qui se présentent (saisonnière pendant l’hiver dans un immense entrepôt d’Amazon, gardienne du terrain du camping de Cedar Pass dans le Parc national des Badlands, travaillera dans une usine de transformation de betteraves sucrière, etc.) Au fur et à mesure des étapes, elle va rencontrer des nomades qui, soit poussés par la nécessité comme elle, soit par choix, se sont lancés sur les routes américaines.


Ainsi, au cours de son périple, elle rencontrera Linda (Linda May), qui l’invitera à participer à un « Desert Rendez-vous » qui se tient dans le désert d’Arizona. Le maître d’œuvre de ce genre de rencontres est un certain Bob Wells, qui apporte un soutien matériel et moral à ces déshérités. et une communauté à ses compagnons nomades. Fern y rencontre d’autres nomades et apprend les techniques de base de survie qui lui seront particulièrement utiles lorsqu’un pneu de son van explose. C’est alors une autre nomade, Swankie (Charlene Swankie), qui la conduira à un garage et la grondera pour son manque de préparation. Swankie, qui est malade d’un cancer en phase terminale lui parle de son projet de retourner dans les endroits où elle a été heureuse avant de mourir.


Lors de son emploi au Parc des Badlands, Fern rencontrera aussi David (David Strathaim), qu’elle a déjà croisé lors du « Desert Rendez-vous » et, lorsqu’il tombe malade, elle lui rend visite à l’hôpital. Plus tard, ils sont employés dans un fast-food où le fils de David est venu pour annoncer à son père qu’il va être grand-père et l’inviter à revenir chez eux.


Son van étant tombé en panne, Fern se rend chez sa sœur Dolly (Melissa Smith) qui vit en Californie et l’invite à abandonner sa vie de nomade. Mais Fern ne peut s’y résoudre, pas plus qu’elle n’acceptera l’hospitalité de David et de sa famille.


Elle retourne donc à Empire pour liquider le garde-meuble où elle avait entreposé les maigres biens qu’elle n’avait pas encore vendu, revoit sa maison vide et abandonnée, et reprend la route.


Mon opinion


J’avais découvert la grande actrice qu’est Frances McDormand dans le film Three Billboards :les panneaux de la vengeance (2018) où elle joue le rôle d’une mère qui achète d’immenses panneaux publicitaires pour dénoncer l’assassin de sa fille et se trouve en butte à toute la communauté. Dans ce film, elle démontre encore toute sa maestria dans un rôle où elle ne se ménage pas et qui lui a valu un Oscar mérité de la meilleure actrice.


Le film par contre m’a un peu déçu car je m’attendais à un road-movie à travers ces extraordinaires paysages sans horizon de l’Ouest américain. Or, et c’est un choix que je comprends a posteriori, la réalisatrice n’a pas voulu faire dans l’esthétisme : certes, les paysages y sont, mais on ne s’attarde pas sur leur grandeur et leur beauté, pas plus que Fern, toute à sa quête de quelque chose, mais on ne sait vraiment de quoi, car elle-même ne semble pas le savoir.


La beauté de ce film est ailleurs. Elle est dans les rencontres que fait Fern, et, malgré la situation difficile de ces errants, on admire les valeurs d’entraide dont ils font preuve et, même si Fern veut rester indépendante et refuse de se lier (avec Dave qui ne demanderait que ça), il n’y a pas de désespoir en elle. En cela, ce film, tout en étant à l’opposé d’un « feel-good movie » offre, sur la société américaine, une vision moins pessimiste qu’il y paraît, et en tout cas moins désespéré que le très beau mais plombant Into the wild, de Sean Penn avec Emile Hirsch (2007) auquel, pendant tout le film, je n’ai cessé de penser.

Créée

le 28 juin 2021

Critique lue 212 fois

Roland Comte

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