Moteur trafiqué

Soderbergh n'a jamais autant tourné depuis qu'il a pris sa retraite ... cinématographique. A vrai dire, No Sudden Move est un film de plateforme qui aurait des chances de passer inaperçu en salles, malgré le nom célèbre de son réalisateur. C'est une série B, au scénario pas franchement excitant, entre malfrats et hommes d'affaires, avec des trahisons en cascade, quelques morts en guise de supplément ketchup, des liasses de dollars qui voyagent et une explication au générique de fin, censée nous apprendre que dans l'industrie automobile (comme dans d'autres secteurs), il y a parfois des accords guère éthiques pour gagner encore plus d'argent sur le râble des consommateurs, c'est à dire vous, moi, et tous les cochons de payants. Deux choses semblent évidentes dans le film : primo, Soderbergh s'est beaucoup amusé à tourner un nouveau long-métrage d'époque (les années 50) avec des comédiens qui sont des valeurs sûres et sans doute des amis ; secundo, le cinéaste cherche désespérément à être cool et à avoir du style, tout en semblant affirmer qu'il n'ignore pas qu'il est loin de signer un chef d’œuvre. Sauf que tout cela peut aussi sonner comme de la fausse modestie, l'air de dire : "je pourrais tourner des trucs plus hauts de gamme, j'en ai le talent, mais je préfère vous divertir avec la suave élégance qui me caractérise." No Sudden Move ? Attention, voici une voiture rutilante dont le moteur est d'évidence trafiqué.