Il y a quelques années, certains spectateurs privilégiés ont pu voir les premiers films du cinéaste taïwanais Midi Z, d'origine birmane, au Festival de La Rochelle, avant même que Adieu Mandalay ne soit distribué en France. Nina Wu marque un radical changement de style pour le réalisateur avec un scénario écrit par son actrice principale, Wu Ke-Xi, dont l'inspiration se trouve du côté de l'affaire Weinstein. Mais Midi Z abandonne ici sa manière intégralement réaliste en épousant les traumatismes d'une comédienne qui accède à son premier grand rôle et dont l'état mental va en se dégradant après un tournage éprouvant. Si le film décrit parfaitement les humiliations subies par les femmes pour se faire une place dans le monde machiste du cinéma, c'est autant à travers les fantasmes et les délires de son héroïne que par la crudité de situations qui créent un immense malaise. Avant la dernière scène, insupportable et qui peut apparaître comme presque complaisante, Nina Wu glisse dans un univers glacé et déplaisant, dont l'élégance de la mise en scène de Midi Z ne parvient pas complètement à faire oublier le côté parfois bancal de l'architecture narrative dont certains éléments, disons classiques (vie privée et familiale) versent dans la banalité. En revanche, la cohérence esthétique du film (avec une prédominance de rouges) est assez remarquable sans pour autant convaincre de la réussite d'un scénario alambiqué et pouvant apparaître comme illisible ou même inutilement choquant pour certains

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le 11 janv. 2020

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