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De l'heure bleue... Aux heures sombres du Freak Show

Quand Guillermo del Toro nous invite à un Freak Show à suspense à la plastique d'un film Noir des années 40... Gardez vos mains et bras à l'intérieur du wagonnet, et n'oubliez pas de surveiller les enfants !


L'introduction est résolument celle d'un thriller affichant la promesse d'un récit à énigme. On y quittes une maison de campagne perdue au milieu d'un vaste champ s'ouvrant sur l'horizon (Les Moissons du Ciel). Dans sa fuite, notre protagoniste rejoint un de ces fameux cirques américains desquels les forains ne jurent que par l'insolite et le bizarroïde.


La photographie s'impose rapidement comme l'une des principales forces de l'œuvre. Et pour cause l'authentique cirque reconstitué de toute pièce pour les besoins du métrage a été tourné en partie durant la fabuleuse heure bleue ; ce moment crépusculaire post coucher de soleil durant lequel le ciel livre ses derniers éclats de lumières, souvent plus gracieuses que celles des Golden Hours ; une sorte de lumière divine que l'on retrouve sporadiquement dans Nightmare Alley et en abondance chez Terrence Malick. J'adore !


En réalité ces couleurs ne sont que simulacre. Ephémères, elles s'estompent dès le second acte quand en un tour de caméra, les évènements nous conduisent dans l'intime vie sombre, mystérieuse et angoissante du protagoniste interprété par un Bradley Cooper, impeccable, infaillible et accompli.


Del Toro nous persuade au détour de quelques séquences, le bougre probablement caché derrière les caméras avec un sourire coquet, que Bradley Cooper ferait manifestement le parfait Indiana Jones n'en déplaise aux puristes pro-Fordiens. Puis il pleuvoche de-ci de-là des références à Edgar G. Ulmer, Robert Wise et autres Hitchcock. Le tout permet de tisser un climat inquiétant dans des décors qui s'assombrissent telle la vie du protagoniste, qui comme le titre l'indique, vire au cauchemar.


La morale de l'histoire est brillante, la manière d'agencer les images l'est tout autant. Quelques tacles au capitalisme, à la cupidité dirais je, sont bien exposés. On reprochera néanmoins le sous-emploi de Willem Dafoe, Toni Colette et de Ron Perlman, le soit disant chouchou du réalisateur. Cate Blanchette quant à elle est peu intéressante, et manque terriblement de consistance. Quelques longueurs se font ressentir en milieu de récit. Quant au dénouement, il met en exergue la signature artistique du cinéaste et notamment cette curieuse fascination pour


les nez bousillés (Le Labyrinthe de Pan, Crimson Peak)


Petits et grands, fans, cinéphiles et néophytes précipitez-vous pour aller voir ce beau film de cinéma incontestablement plus complet que le trop sur-estimé La Forme de l'eau.

Jordan_Michael
7
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le 31 janv. 2022

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