Filmé par un orifice, dans un flou personnalisé, le nouveau film du duo Kervern/Delepine relève de l’originalité la plus complète. Avec des références au cinéma expérimental et une maitrise d’un univers extrêmement singulier, l’œuvre regarde un Michel Houellebecq s’approcher de la mort sur du Schubert. Même si beaucoup ont pu quitter la salle, j’en suis resté scotché.



Paul (Michel Houellebecq) est un employé chez France Telecom. La cinquantaine bien tapée, il est épuisé, proche du Burn Out. Un Vendredi 13, après un sujet présenté par Jean-Pierre Pernault sur TF1, il prend son vélo et décide de passer à l’acte. Il s’enfuit dans la montagne et va alors vivre une expérience hors du commun.

La Near Death Experience (NDE) est plus connue en France sous le nom de Expérience de Mort Imminente. Les témoins ayant vécu cette expérience racontent avoir basculé de l’autre côté pour en revenir vivant. Même cérébralement morts, leur âme donnait encore signe de vie. Mais cet état est encore une énigme pour la science. La vision complète de son existence, la fameuse vision d’un tunnel avec sa lumière au bout, une impression de Paix et de tranquillité, c’est ainsi que se présente en résumé l’expérience de mort imminente. Là est le point de départ du nouveau film du duo Delepine/Kervern. Comment représenter cet état ? Comment imager une forme de vie entre celle-ci et la mort ? Michel Houellebecq représente cette âme vagabonde. Son voyage est extérieur mais aussi très profond et spirituel. C’est l’histoire d’un homme qui quitte la vie, qui s’en va retrouver son moi perdu et qu’il n’avait alors jamais découvert. La force du film réside dans la monstration d’un état inconnu par le biais d’un corps.



Comme son nom l’indique il s’agit d’une expérience, c’est pourquoi les deux réalisateurs ont décidés de tourner ca en caméra amateur, rajoutant ainsi un grain, une dégradation à l’image tant utile que symbolique à une œuvre extrêmement expressive. On voit le corps, mais la voix nous parvient en off. On est dans Paul. Paul se questionne, sans vraiment se répondre. Après tout le but de sa vie à toujours été d’apporter des réponses aux questions existentielles qui peuplaient son quotidien. Mais sa vie est nulle, enfin pas vraiment réussie. Toutes ces questions il s’en fiche maintenant, il suit l’instinct, la bête qui dormait en lui. Ce n’est plus un homme, mais bien un esprit qui ère dans les montagnes. Il est un esprit qui ne peut plus communiquer, il matérialise sa famille avec des tas de pierres, des machins plus ou moins grands à qui il parle, il se confie et raconte sa vie. Mais ces choses informes ne peuvent répondre, ne peuvent bouger. Paul n’est pas mort, mais il ne fait plus non plus partit du mondes des vivants.



La musique classique très justement utilisée pour transcender certains états, vient se coller à un autre extrême, les sonorités du groupe Black Sabbat, apportant une dimension physique à l’œuvre. Un combat perpétuel entre le corps et l’esprit. Qui réussira à vaincre l’autre ?

La suite de la critique sur le cinema du ghetto :

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le 15 sept. 2014

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Charlouille .

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