À la manière de Chris the Swiss sorti en 2018, un film qui plongeait dans les ombres de l'ex-Yougoslavie, la réalisatrice Ilze Burkovska Jacobsen aujourd'hui âgée de 49 ans, journaliste de formation, retrace sa propre histoire en rapport à l'indépendance de la Lettonie obtenue en 1989.


My Favorite War s'ouvre sur un dicton letton que l'on retrouve avec quelques variantes en Occident : "vraiment heureux sont ceux qui n'ont pas à faire de choix." De cette introduction programmatique, la réalisatrice tente de comprendre à l'aune de son enfance et de son passage à l'âge adulte, le lien entre le choix et le bonheur, notamment sous le joug d'une puissance soviétique qui comprime les moindres esprits et flétrit les envies de liberté et d'autonomie. Par ses interrogations d'abord innocentes qui tendent à faire rire en ridiculisant l'absurdité d'un tel système, puis par une tonalité qui gagne en gravité à mesure que sa trajectoire évolue, les questions soulevées par la réalisatrice s'avèrent être plus universelles qu'elles n'y paraissent.


Bien que l'animation soit surprenante, les images d'archives ainsi que la voix off offrent un récit captivant sur le destin de cette femme qui nous fait revivre ses années sous le conditionnement exercé par le régime communiste de l'URSS. D'un grand-père fiché comme ennemi d'état, d'une mère autonome, d'un père investi dans le parti, ces nombreux exemples proches de la protagoniste colorent un tableau sombre où se mêlent les destins de personnages rencontrés dans les commerces, rembarrés par manque de provision ou tout bonnement incapables d'acheter un savon à la fraise qui rappelle des souvenirs trop douloureux. Cet esprit soviétisé nous narre un récit très libéré des carcans du classicisme cinématographique, tant par l'animation qui se déplie sous nos yeux que par le brassage large des témoignages et le soin apporté à les lier les uns les autres dans une fluidité remarquable.


Pour lire la critique imagée : https://lestylodetoto.wordpress.com/2021/01/13/my-favorite-war-libre-letton-vraiment/

thomaspouteau
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le 13 janv. 2021

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