Cachez cette scène que je ne saurais voir

Nabil Ayouch nous plonge dans le quotidien de 4 prostituées à Marrakech. C’est un tableau réaliste et proche du documentaire qu’il dresse ( il n’y a d'ailleurs qu’une seule actrice professionnelle).
Nous suivons leur cheminement au fil des soirées dans les boites de nuits, les hôtels, les villas des riches saoudiens mais aussi les restaurants où elles finissent leur nuit, l’appartement qu’elles partagent et surtout la voiture de leur chauffeur Saïd qui les conduit d’un endroit à l’autre.
Ces quatre filles servent d’objet sexuel lors des soirées fastueuses chez les saoudiens ou en tenant compagnie aux touristes européens. Elles sont confrontées au mépris de la société, au rejet de leur famille, à la pauvreté et à la violence de certains clients.
Mais ce sont aussi la vitalité et l’âme de ces jeunes femmes qu’Ayouch veut nous montrer. Elles vivent ensemble, rient ensemble, se soutiennent, et s’aiment.
La première partie contient néanmoins quelques longueurs, le film aurait gagné à être plus rythmé. Notamment en s’appuyant plus sur les plans de rue derrière la fenêtre de la voiture qui rythment la deuxième partie du film et retranscrivent bien le sentiment d’isolement qu’éprouvent les jeunes femmes.
La prostitution au Maroc reste un sujet tabou et en la filmant de près à travers le quotidien de ces femmes, Ayouch lui donne une voix qu’elle n’avait pas eu jusque là et la dévoile, la jetant à tous les visages, obligeant la société à ouvrir les yeux. Mais les autorités du royaume l’interdisent de projection jugeant que l’oeuvre est un outrage aux valeurs de la femme marocaine.

C’est donc un film nécessaire en tant qu’objet politique mais qui gagnerait à être amélioré d’un point de vue esthétique.

Myriam_Roques
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le 22 oct. 2015

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Myriam Roques

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