On l'aura attendu ce film !
Les retrouvailles de Mike Leigh, le géant du cinéma anglais et de son acteur fétiche, Timothy Spall, qui avait été couronné du prix d'interprétation masculine au dernier festival de Cannes.
Son prix est mérité ; il habite le personnage, imitant le peintre jusque dans sa démarche, ses grognements permanents. Sort de d'ours humain, le peintre s'affiche comme un homme tourné sur lui - même, grognon, difficile à vivre et animal dans sa façon de peindre, jusque dans ses relations sexuelles. Cracher sur peintures, les modifier par des gros aplats de couleur vives à même le musée où elles sont exposées, Turner use de techniques déroutantes pour l'époque.
La maladresse du réalisateur est de nous plonger dans une époque, un monde que l'on ne connait pas et de nous y lâcher totalement, sans véritable guides temporels ou géographiques. Bien loin d'être une biographie détaillée, le film est plus une plongée intimiste dans le quotidien d'un génie, autant que sobre ; en effet Leigh utilise un strict minimum de plans par scène, usant de plans séquences fixes longs et distanciés.
Il peine à nous faire entrer totalement dans ce film un peu longuet, bizarrement construit, nous proposant autant des événements importants et graves que des petites scènes désuètes sans véritable intérêt.
Néanmoins la plongée dans l'Angleterre de l'époque est brillante. Un vrai travail de reconstitution est effectué ici.
A la sortie de la salle on ressent un sentiment double et contraire. Autant nous sommes troublé par sa construction et sa lenteur, usant sans modérations de longs silences, autant se dégage une vraie ambiance magique, douce et calfeutrée, à l'image des peintures du maître, notamment dans des séquences de toute beauté où le peintre et sa seconde épouse se retrouve dans la chambre d'hôte de cette dernière au bord de la mer.
On est bercé par ce lent et beau récit et par cette ambiance colorée et fraîche qui n'est pas sans déplaire.
Dommage que le résultat final ne soit pas aussi bon que cela, malgré la présence amusante de toute la clique du réalisateur et un humour décalé, qui tranche avec la tonalité plutôt dramatique du film.
Bref un film très inégal.

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le 15 janv. 2015

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Charles Dubois

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