Nous faisons ici connaissance avec une fratrie de cinq enfants, qui reçoivent un message les informant que la tombe de leur défunt père va devoir être déplacée. Pour cela, les enfants vont retrouver leur oncle et leur tante sur une petite île isolée, où ils vivent paisiblement. Parmi ces cinq enfants, quatre sœurs, aux tempéraments très différents, qui font la route ensemble. Mais le frère manque à l’appel, refuse de donner des signes de vie, et il est hors de question, pour le vieil oncle, de prendre la moindre décision sans avis du seul homme de la fratrie. Move The Grave va alors nous montrer une famille en proie aux déchirements, aux doutes et aux remises en question.


Move The Grave s’articule principalement autour des problématiques de communication entre les différents membres de la famille, qui se manifestent soit par de longs silences, soit par des disputes. Les sœurs ont chacune leurs soucis et leur caractère, et l’attitude de l’oncle vis-à-vis d’elle ne fait qu’envenimer la situation pour venir s’intéresser, également, aux rapports entre hommes et femmes dans la société coréenne. Dans ce film, les hommes sont soit absents, soit leur attitude est peu flatteuse. Un frère lâche et incapable d’assumer ses responsabilités, un mari pingre, un autre mari volage, si ce n’est pas deux, un fils incorrigible, et, surtout, un oncle machiste et de la vieille école. Seule la plus jeune sœur n’a pas d’homme dans son entourage, mais elle milite ardemment pour le droit des femmes. Move The Grave représente donc l’aspect très patriarcal de la société coréenne, et la difficulté rencontrée par les femmes pour s’y imposer.


Ainsi, le cinéaste s’attarde principalement sur les quatre sœurs, qui ont aussi leurs défauts, mais dont ceux-ci transparaissent surtout à cause de la condition de ces femmes dans la société coréenne. Pour transmettre ses messages, Move The Grave prend son temps. Il suit beaucoup les codes du cinéma européen, notamment en termes de drames familiaux, et on serait tenté de faire un parallèle avec certains canons, voire clichés, du cinéma français. Les plans sont construits, il y a un véritable travail, et un certain attachement envers les différents personnages, malgré leurs défauts, dont on a tendance à comprendre et excuser certains que d’autres.


Toutefois, la volonté du cinéaste de prendre son temps peut s’avérer accablante. Le temps passe, lentement, et souvent trop lentement. On rajoute des éléments qui ne sont pas forcément nécessaires, on étire des scènes, quitte à amoindrir l’efficacité du métrage, qui sait pourtant dire les choses, mais qui les meuble trop. Car si le discours véhiculé par Move The Grave est intéressant et, surtout, important, il perd en force et n’a pas besoin de s’étendre autant pour ce qu’il a à dire, sans que cela puisse être préjudiciable quant à sa capacité à en dire assez.


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le 10 nov. 2019

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