Le grand remplacement de James Bond n'a pas eu lieu

Je ne suis pas nécessairement un grand amateur de James Bond, mais je dois dire que l'arc Daniel Craig je le trouve de bonne facture, c'est juste dommage d'avoir pris Marc Forster pour réaliser le deuxième opus (quitte à vouloir faire du Paul Greengrass, autant prendre Paul Greengrass...)

Mais je dois avouer que je sors un peu mi-figue mi-raisin de cet opus. Disons que l'ouverture du film fait un peu pâle figure à côté du très décrié, mais super clinquant, plan séquence d'ouverture de Spectre. S'il n'y avait pas la petite séquence avec 007 qui tire comme au début de chaque film, j'aurais cru qu'on diffusait le mauvais film. Le film s'ouvre donc sur une sorte de slasher et en vrai, pourquoi pas ? J'aime lorsque les films mélangent les genres, proposent quelque chose hors des sentiers battus. Sauf que c'est quand même un peu gris et terne et pas forcément palpitant en plus d'être sacrément long.

Et en fait ce James Bond est totalement boursoufflé, il déborde de partout, il ne se contient pas et dure quand même quasiment trois heures. Ce qui fait que par moments il est extrêmement généreux, je trouve formidable d'offrir par exemple mini-survival dans le brouillard de la forêt norvégienne, mais qu'il peut être aussi longuet par moments. On sent qu'ils ont voulu trop en faire, trop de pathos, trop de développement de certains personnages, trop d'émotions et que tout ça ne réussit pas nécessairement super bien non plus.

Et si j'aime la direction prise par ce film, je dois dire qu'il n'a pas fait autant mouche qu'il aurait dû. J'ai trouvé que les instants émotions ne fonctionnaient pas vraiment, rendant le tout assez bancal. Je vois ce qu'ils ont voulu faire, mais juste ça ne marche pas forcément très bien. Alors la VF est calamiteuse (comme d'habitude), ça n'aide pas le tout à sonner juste, mais de manière globale j'ai trouvé ça un peu forcé. On sent qu'on est au cinéma, que tout ça est un peu factice, alors que quitte à humaniser James Bond, à en faire quelqu'un capable d'aimer, ben autant le faire à fond et oser de faire quelque chose de plus intimiste, de moins grandiloquent et de plus terre à terre.

Parce que comment croire au drame familial, alors qu'on un Rami Malek qui sort littéralement de nulle part et qui a un plan totalement con et dont les personnages eux-mêmes font des blagues sur à quel point son plan est débile et banal. Ceux qui trouvaient Spectre pas forcément très bien introduit, là c'est pire, il sort des hautes herbes pour attaquer... Je me dis que c'est dommage finalement de faire un film sur Spectre, pour finalement faire que ça de Blofeld et sur son organisation. En plus j'ai trouvé le personnage de Rami Malek assez confus et brouillon. Et donc si un bon James Bond c'est en grande partie un antagoniste de premier choix, ben je suis clairement resté sur ma faim, bien qu'il ait quelques apparitions un peu sympa. Il y a clairement un problème d'écriture à ce niveau.

En fait il y a un problème au niveau de quasiment tous les personnages, sauf peut-être Bond et Madelaine Swann (t'as compris la référence, hein, hein, t'as compris la référence... ?)
Les deux filles qui accompagnent Bond sont nulles. Je pensais que Ana de Armas, que dis-je, la délicieuse Ana de Armas, aurait un plus grand rôle. En fait on est clairement sur un rôle très dispensable qui sert à apporter une petite touche de sexe et d'humour. Je dois néanmoins dire que durant cette séquence, le petit moment où Bond picole, avant de prendre son fusil mitrailleur avec la musique en fond a eu son petit effet sur moi. Mais peut-être que le pire c'est Lashana Lynch, qui joue la nouvelle agent 007. Elle ne sert à rien, quand James Bond se bat elle est pas là, elle arrive toujours après, ou bien elle fait un autre truc inutile à côté et juste parce que JB l'a mis sur la bonne piste. Le grand remplacement de James Bond n'a pas eu lieu.

C'était le moment de faire comme ce qu'avait fait Mission Impossible 5 avec Ilsa Faust, à savoir un personnage qui est l'égal du héros, qui peut sauver la mise, qui peut aider, etc. Pas juste quelqu'un qui est là pour récupérer JB en voiture quand tout est fini. Elle reste juste un simple faire-valoir.

Et dans le genre de truc qui sert juste d'appât, alors qu'en fait c'est pas nécessairement traité dans le film, je pense à l'homosexualité de Q. Bordel assumez si vous en faites un gay, faites pas juste une petite ref qu'on peut couper au montage pour exploiter le film dans des pays où ce n'est pas accepté.

Malgré tous ces défauts, j'ai passé un bon moment devant le film, parce que globalement c'est assez généreux en action pour être malgré tout agréable. Bien sûr ça aurait pu être mieux, plus classe, plus violent, plus intense, plus effrayant... C'est juste dommage que le dernier combat de l'ère Craig se finisse sur un pauvre face à face un peu mou avec le grand méchant qui raconte son plan.
J'ai l'impression que Mendes s'en était bien mieux sorti avec Skyfall dans la gestion entre nostalgie et nouveautés et que là on a un peu voulu condenser tous les clichés des James Bond (le final dans un silo à missile nucléaire soviétique, c'est banal au possible), mais sans parvenir à jouer suffisamment avec pour qu'ils soient amusants. Et finalement, esthétiquement tout ça fait un peu convenu, ça pourrait être John Wick... ou n'importe quoi d'autre.

Bref, le film ne m'est pas antipathique, mais c'est loin d'être aussi marquant que Skyfall, c'est un film parfaitement dans l'air du temps et sans grande surprise.