Mine de rien, la tâche pour Cary Joji Fukunaga était drôlement ardue d'autant plus qu'il y avait clairement trois objectifs affichés : 1) ce qui est commun à tout réalisateur, à savoir faire un bon film, 2) conclure l'arc narratif de cette pentalogie puisque la nouveauté des films de Daniel Craig étant qu'ils sont intrinsèquement liés les uns aux autres et enfin 3) redorer le blason de 007 après la vive déception qu'aura provoqué Spectre chez les fans (ce qu'à titre personnel, je suis loin de partager mais je reconnais que la deuxième incursion de Sam Mendes n'était pas fofolle, surtout sur sa deuxième partie). Résultat?? C'est très compliqué à expliquer, surtout avec cette note bâtarde de 5/10 qui pourrait laisser croire que le film est moyen durant ces 163 minutes alors que ce n'est pas le cas. Mourir peut attendre possède des moments très forts, mais aussi des aspects beaucoup moins convaincants.


Bon déjà, le film est long, beaucoup trop long, ça va faire des détours de malade en se focalisant sur des personnages sans intérêt (le scientifique russe, l'acolyte de Felix à la CIA, et - attention, ce que je vais écrire va me faire physiquement mal - la belle Ana de Armas (aïe)) qui prennent un temps d'écran considérable, laissant ironiquement bien peu de présence au grand méchant de cet opus, pas toujours très subtilement interprété par Rami Malek mais surtout, construit par son scénariste avec une truelle, bref, pas très imposant comme bad guy. Et puis, alors que Martin Campbell et Sam Mendes - le pauvre Marc Forster que je n'inclurais pas - ont contribués à faire rentrer James Bond dans le 21e siècle (Casino Royale semble suivre la voie de la trilogie Bourne et le réalisateur d'American Beauty a déclaré avoir trouvé de l'inspiration dans The Dark Knight de Christopher Nolan) après l'ère Pierce Brosnan qui, à peine en salles, était déjà périmée (Meurs un autre jour sorti quelques mois après le 11 septembre, et les trois premiers avaient l'air d'être tournés dans les 80's), Fukunaga est dans l'hagiographie, comme s'il voulait rendre hommage à toutes les itérations passées (franchement, ce préambule romantique en Italie m'a écœuré par sa mièvrerie,


il a même repris le côté "je vis ma vie en me faisant passer pour mort" de Skyfall)


mais là encore, il n'y arrive pas vraiment. Autre problème, le personnage de Léa Seydoux, déjà pas très marquant dans Spectre, mais là, je trouve l'importance qu'on lui accorde assez démesurée (même si un peu justifiée par l'intrigue), alors peut-être est-ce davantage un problème de comédienne que de personnage parce qu'elle n'a pas su retranscrire l'ambiguïté qu'elle fait éprouver à Bond.


A part ces problèmes de rythme, de tonalité et de personnages sans saveurs, il y a heureusement d'autres choses qui m'ont plu : les scènes d'action dans l'ensemble sont assez prenantes (Cuba, inutile dans l'intrigue mais très sympathique, la course-poursuite dans la forêt) d'autant plus que j'ai vu le film en IMAX 3D, la nouvelle venue Nomi incarnée par Lashana Lynch et dont les interactions avec Bond m'ont régalées (et franchement, si la seule présence de ce personnage en tant que nouvelle 007 en fait un film woke, je vous invite à aller vous insérer des choses pas très agréables dans le fondement - en tout cas, je ne me retrouve absolument pas dans ce mouvement) et puis...


Et puis... Le problème du cinéma américain de ces dernières années et de toutes ces franchises qu'on ressort pour les exploiter jusqu'à plus soif (les Spider-Man, Star Wars, Jurassic Park et j'en passe), c'est que d'un côté, le public peste quand on leur donne toujours la même chose... mais il peste aussi quand on tente des choses différentes (Rian Johnson pourrait en faire un film), très honnêtement, essayer de changer un peu le personnage de James Bond, de l'adapter au fil du temps comme on adapte Batman, ce n'est pas un problème pour moi.


et justement, toute l'intrigue liée à sa famille m'a beaucoup touché, alors oui, c'est pas toujours très finement proposé à l'écran, mais ça a eu au moins le mérite de rendre la mort de James - sa vraie mort s'entend - beaucoup plus émouvante et pour la première fois de ma vie devant un film de l'espion au service de sa Majesté, de verser une larmichette


Bref, Mourir peut attendre s'avère un film compliqué à évaluer puisqu'il m'aura autant séduit que rebuté, mais globalement quand je fais le bilan de l'ère Craig, c'est deux films que j'adore (Casino Royale, Skyfall), un mauvais film (Quantum of Solace) et deux déceptions (dont Spectre), mais au moins, j'ai apprécié l'idée d'avoir un tout cohérent et surtout, je reste très curieux de voir ce qu'ils vont faire du mythe 007 à l'avenir!!

DanielOceanAndCo
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le 5 déc. 2021

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