Trois belles figures de femmes, trois destins croisés dont l'enfant constituera le lien, même si les coïncidences, et c'est sans doute le principal reproche que l'on peut adresser à ce film, semblent par trop convenues.


Voici ce qu'en dit le réalisateur en personne, ses indications fournissant des pistes qui peuvent éclairer son propos, répondant notamment à la fameuse question de savoir comment il avait pu développer une si grande acuité de la sensibilité féminine :



J'ai commencé à écrire le scénario en 1999, quand mes filles étaient petites.

Je pensais parfois aux gens qui, pour une raison ou une autre, doivent vivre séparés de leurs enfants. L'idée-même me semblait insupportable. Au départ je voulais donc explorer la manière dont une séparation forcée peut former (ou déformer) la personnalité d'un parent ou d'un enfant.

À travers 3 destins, 3 femmes de générations différentes, j'ai construit un récit.

Flaubert disait «Madame Bovary,c'est moi » et ça me paraît tout à fait logique.

J'utilise des vies de femmes, des corps de femmes, mais je parle de sentiments, de peurs, d'obsessions, de préoccupations qui me sont propres...



Karen, enceinte à 14 ans, est toujours hantée 35 ans après par le remords d'avoir abandonné son enfant, laquelle a été adoptée, et se refuse à vivre, aigrie, frustrée et surtout terriblement malheureuse, face à une mère moribonde qui la renvoie sans cesse à son passé.


Elle est blonde, fine et lumineuse, devenue une brillante avocate, elle a choisi son nom en connaissance de cause : Elizabeth Joyce, tourné le dos à ses parents adoptifs et poursuit sa carrière, sûre d'elle-même, de ses compétences et de son pouvoir, ne se fiant qu'à elle-même, décidant de tout, apparemment dure et sans états d'âme.


Quant à Lucy son désir d'adoption a envahi sa vie : sans enfant elle ne peut plus vivre.
J'ai aimé l'analyse subtile des fêlures liées à ce lien viscéral qu"est la relation mère/fille et comment la séparation a forgé leur caractère, l'étude de ces relations complexes et cruelles qui ne débouche pourtant sur aucun moralisme, et l'interprétation de trois actrices, particulièrement justes et vraies, qu'il s'agisse d'Annette Bening, dont on suit le parcours ascendant avec émotion, de Naomi Watts, fatale et fragile à la fois, ou encore de Kerry Washington, touchante dans ce désir de maternité, elle, l'enfant qui n'a pas "fini de grandir" comme le lui dira sa propre mère.
Le film est émouvant et je suis plutôt bon public, alors...

Créée

le 3 avr. 2012

Modifiée

le 19 sept. 2012

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Aurea

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