Pauvre lecteur ridicule... Ton âme est à moi !

Il est pour moi particulièrement difficile, je dois le reconnaître, d'évoquer ce film tout en gardant un certain recul, tant à la simple pensée de tout ce qu'il contient je suis à chaque fois pris d'un certain frisson d'excitation certes teinté de nostalgie.
Non, je n'exagère pas.


J'ai connu le film de Mortal Kombat il y a très longtemps, à une époque où j'étais loin d'avoir la maturité ou encore l'éducation nécessaire pour apprécier le cinéma à sa juste valeur. Contrairement à d'autres, je n'ai absolument pas baigné dedans, l'ensemble de ma famille et même de mes amis ne s'y intéressant que très modérément. Je n'avais donc aucun sens critique particulier vis à vis de cet art de manière générale, et j'étais capable d'apprécier plus ou moins à peu près n'importe quoi qui me passait sous la main ou les yeux.
Par contre j'étais très porté sur les jeux vidéo donc c'est tout naturellement et bien avant que Karim Debbache fasse une chronique à ce sujet que je m'étais intéressé aux adaptations de jeux vidéo au cinéma. C'est ce qui m'a doté depuis plus d'une décennie des VHS des deux films Mortal Kombat, de celui de Street Fighter, Mario et même Double Dragon.


A ce stade de votre lecture j'imagine que vous devez vous demander pourquoi je m'attarde à ce point sur des détails de ma vie qui n'ont absolument aucun rapport avec le film. C'est en fait tout simplement par pure honnêteté intellectuelle que je préfère contextualiser mon affection pour le film, et ainsi faire la part des choses entre celle-ci et une appréciation plus mesurée sur ce dernier.


J'ai très tôt connu la licence Mortal Kombat et j'ai tout de suite été fan de la série. J'ai mis un certain temps avant de me rendre compte pourquoi elle me paraissait toujours se distinguer des autres grands jeux de combat qui ne déméritaient pourtant pas, et la raison est en fait d'une extrême simplicité : ce que la plupart des gens qui n'ont jamais été particulièrement attirés par cet univers savent, c'est que le gore y est très présent (avec les célèbres Fatalities), mais ce qu'ils ignorent c'est à quel point les créateurs de la série ont fait preuve de second degré dans leur processus créatif d'origine.


Et comment faire autrement lorsqu'on fait des modèles où les ninjas se distinguent seulement par leur couleur ? L'univers de MK est en réalité un gros fatras de n'importe quoi où chaque personnage possède une histoire propre mais néanmoins bien souvent stéréotypée à l'extrême. Le principe y est donc de créer un monde décomplexé qui justifie en permanence un système de "tournoi" où en réalité tout le monde s'affronte, afin de servir de faux prétexte à des combats sanglants qui en sont bien évidemment le véritable centre d'intérêt.
La licence MK a donc comme base... celui d'être une série de meta-jeux de combat en quelque sorte, puisque à la fois jeu et satire de lui-même.
Un simple exemple ? Les babalities.


Si j'en fais des caisses sur la série de jeux, c'est bien parce que, dans toute la masse des adaptations de jeux vidéo que j'ai mentionné au début, il n'y en a qu'un qui me paraît être toujours aussi savoureux avec le recul des années, en cela qu'il consiste en une presque parfaite adaptation du jeu vidéo d'origine.
Et ce film c'est bien entendu Mortal Kombat premier du nom.


Le film parvient en effet à réussir à être à la fois accessible au néophyte du jeu d'origine en prenant le temps d'introduire les différents personnages et l'univers déjà créé, mais contient également un nombre fabuleux de petits détails complices aux véritables amateurs du jeu (la photo dédicacée de Johnny Cage à la fin de son combat par exemple, ainsi que beaucoup de coups spéciaux).
Les chorégraphies des combats sont dans l'ensemble très bonnes (on retiendra en particulier le Johnny Cage vs Scorpion, le Liu Kang vs Reptile ou encore l'ensemble des combats du dénouement), surtout en prenant en compte les moyens pas énormes de Paul W.S Anderson et le fait que le film date déjà de vingt ans. On pourra cependant regretter certains combats un peu trop vite expédiés, comme le Sonya vs Kano qui se révèle assez décevant.


L'oeuvre s'attache à respecter l'univers originel en ne se prenant que très peu au sérieux, ce qui explique énormément d'aspects kitsch en particulier dans des punchlines ahurissantes telles que "Ces lunettes valaient 500 dollars ducon !" ou encore "C'est là que tu dois tomber..." mais aussi très probablement le choix de Christophe Lambert pour incarner Rayden, le Dieu de la foudre en personne, qui ne nous privera pas de son célèbre rire à deux reprises, et qui fait son petit effet surtout quand il est précédé d'un "Le sort de la terre va dépendre de vous !". Lorsque le personnage faisant figure d'autorité dans le jeu devient dans le film celui qui permet le plus de mettre en avant cette ambiguïté entre histoire dramatique et auto-dérision penchant vers le ridicule, il devient clair que c'est le fruit de la volonté du réalisateur, dont la connaissance du jeu n'est plus à démontrer.


Bien évidemment il ne faut en aucun cas s'attendre à un scénario élaboré de la part de Mortal Kombat, mais à l'inverse à un divertissement, très correctement réalisé, rafraîchissant et d'un humour indémodable. Une oeuvre à la mesure et à l'image de celle dont elle est issue, en somme. Un plaisir coupable qui se définit comme tel.
Le thème musical principal de type techno en est également très représentatif, chanson aussi décomplexée que décérébrée qui reprend des noms de personnages tels qu'énoncés dans le jeu et autres gimmick sonores ("Test your might!").


Si jusqu'à présent les trop rares personnes qui ont pu apprécier ce film à sa juste valeur sont celles qui ont certainement baigné dans la licence quand ils étaient petits et qu'il soit triste que les fans de Street Fighter 2 comme Karim Debbache puissent totalement passer à côté de ce que Mortal Kombat a à offrir, le film n'en reste pas moins aujourd'hui un véritable petit bijou au moins en termes d'adaptation de jeu vidéo au cinéma, jamais égalée selon moi.


Alors si après avoir lu cette critique vous n'êtes pas convaincus de l'écrasante victoire que représente Mortal Kombat le film, je vous invite à venir par ici... et si vous pensez pouvoir me faire changer d'avis je vous répondrais que... ça, ça m'étonnerait.

Lyusan

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