Fatality ?... Pas extactement

Mortal Kombat, créé en 1992, est un des jeux de combat les plus populaires, surtout grâce à son côté violent sanglant et ses personnages photoréalistes qui ont choqué le monde du jeu vidéo et ont mené à la création de la côte d’âges sur les jeux. Mais malgré les polémiques, le jeu fut bel et bien apprécié et dans cette popularité, un film est arrivé en 1995. Film qui fut plutôt correct sans plus, mais un gros succès au box-office qui a mené vers une suite deux ans plus tard, Mortal Kombat: Destruction finale. Une des plus mauvaises suites de tous les temps, ratée sur tous les points.

Malheureusement, ce film, ainsi que la sursaturation de la marque a fait que Mortal Kombat n’a pas très bien vécu le nouveau millénaire. La franchise s’est un peu perdue avant de revenir en force en 2011 avec Mortal Kombat 9 qui servit de reboot, redémarrage à la série sur tout point. Aujourd’hui, Mortal Kombat est toujours en bonne forme et dans cette relancée, un projet de reboot cinéma est lancé en 2010, grâce à Kevin Tanchaeron et son film web Mortal Kombat : Rebirth. Hélas, il ne dirigera pas le film, se focalisant sur sa série web Mortal Kombat: Legacy. Le reboot cinéma gagnera finalement du terrain en 2019 pour enfin sortir en avril 2021.

Le film s’ouvre sur une séquence du meurtre sanglant de la famille d’un guerrier japonais du nom de Hanso Hasashi. Pris de colère et désireux de vengeance, il s’attaque à Bi-Han, chef de la tribu d’assassins responsables. Dans ce combat, Hasashi perd la vie mais à l’insu de tous, son plus jeune enfant fut caché et est repêché par le dieu du tonnerre, Raiden, qui l’amène en sureté.

Malgré quelques soucis comme des explosions sanglantes apparaissant de façon un peu trop soudaine à en être presque comique, une certaine intensité réussit à dégager de cette ouverture, et c’est une mise en place plutôt convenable pour un conflit intéressant qui pourrait diriger notre scénario. Hasahi contre Bi-Han… On imagine une histoire où le ou la descendante de Hasashi est élevé aux côtés de Rayden qui l’entraîne de façon ardue, selon ses dires, pour le préparer à un tournoi mondial qui supposément mets le monde entier en jeu. Le descendant d’Hasashi guidé par la colère, cherchant à retrouver au tournoi la descendance Bi-Han pour le détruire. Pendant que Raiden et ses fidèles sont à la recherche d’autres combattants, ceux-ci dégageant une énergie que seul lui et leurs ennemis divins peuvent lire.

On pourrait penser que cette mise en place pourrait avoir une certaine profondeur thématique, dans ce que représente Mortal Kombat pour les personnages, et la rivalité Hasashi-Bi-Han, elle qui très présente sur les affiches et bandes-annonces du film. Quelque chose comme l’héritage de Hasashi et Bi-Han qui se retrouve après des siècles et cherche vengeance.

Malheureusement, je dois vous dire, oubliez ça tout de suite. Toute cette mise en place des deux assassins ninjas et leur rivalité, ne sera qu’anecdotique! Dans cette histoire, nous suivons Cole Young, combattant d’Arts martiaux mixtes, descendant de Hasashi et porteur d’une marque sur son corps, un emblème de dragon. Cette marque le mènera à d’autres gens qui la possèdent également et à découvrir l’existence d’un tournoi antique du nom de Mortal Kombat. Ce tournoi étant fait pour protéger la Terre contre les forces de l’Outre-Monde. Les héros marqués doivent être entraînés avec pour but de réveiller leur « arcana », bref leur force intérieure pour être aptes à combattre dans le Mortal Kombat. Mais seulement voilà, les méchants décident de traquer et faire tuer les possesseurs de la marque du dragon pour que le tournoi n'ait pas lieu, ce qui leur permettrait la victoire et de prendre le contrôle du monde.

Donc, Cole Young, c’est le héros dicté par une prophétie, lui qui réunira les combattants du Mortal Kombat, un personnage inventé de toute pièce pour le film, servant d’avatar pour le spectateur et par lequel celui-ci découvre l'univers de Mortal Kombat. Mais on va le dire tout de suite, malheureusement ce n’est pas une très bonne idée, parce que non seulement cela vient éloigner le spectateur du récit qu’on veut lui raconter, comme lui dire qu’il ou elle peut juste s'identifier à ce personnage et pas un autre, mais en plus ce personnage n’est vraiment pas attachant. Son seul lien avec son ancêtre Hasashi est qu’il porte la même marque de dragon que lui depuis sa naissance. Mais jamais cet aspect n’est vraiment approfondi et Cole se révèle être un personnage qui n’a pas de personnalité pour lui-même. Il réagit à peine à ce qu’il voit, n’a jamais d’opinion sur la situation, aucun moment où il prend sa place pour être autre chose qu’un avatar du public. Il est complètement dépassé par les évènements du film et les personnages qui habitent ce monde et à chaque combat, il se fait battre à plate couture. Pour dire, il n'est même pas le point central de l'histoire ou des scènes auxquelles il participe. L’histoire est centrée sur le tournoi Mortal Kombat et ce qui se passe autour de ça, pas sur Cole. Lui il est là pour représenter le public, mais honnêtement, je ne pense pas que le public se reconnaît vraiment en lui.

Je sais que plusieurs films font ça, faire découvrir son univers par le point de vue d’un personnage un peu perdu, mais imaginez si par exemple, le premier X-Men, au lieu de raconter l’histoire du point de vue de Mallicia et Wolverine, utilisait un mutant lambda inventé de toute pièce, ce serait inintéressant et vide d'intérêt car l'attention du spectateur serait sur les autres personnages déjà connus, et le nouveau serait complètement délaissé, et c'est un peu le cas pour ce Cole.

D’ailleurs, son pouvoir principal, son seul attrait, c’est presque une parodie. Comme je l’ai dit, Cole Young est bien doué pour se faire péter la gueule au combat. Et c’est là qu’arrive son pouvoir spécial : Accumuler la puissance des coups qu’il reçoit pour ensuite les renvoyer. Donc, plus il se fait péter la gueule, plus il accumule en puissance pour la renvoyer sur l’autre. C’est comme si le film admettait que son personnage principal était juste bon à se faire battre. Et c’est un peu comme ça pendant tout le film. Jamais il ne gagne et il doit toujours être sauvé par d'autres personnages... Je suis désolé, mais, ce n’est pas comme ça qu’on réussit à faire s’unir un groupe de personnes, en étant tellement mauvais qu’ils sont obligés de venir nous aider.

Malheureusement, je ne peux pas en dire plus sur les autres personnages. Malgré le fait qu’ils sont tous tirés des jeux et ont déjà un matériel établi à adapter, ils ne sont pas grand-chose au final. Plus des fonctions que des personnages, essentiellement là pour l'exposition. On les rencontre, on s'entraîne avec eux, c'est tout. Leurs dialogues se résument à : « Il faut y aller », « Il faut continuer ». Parce que le film s’avère hélas être un tout petit film d’entraînement. es méchants apparaissent, il faut s’entraider pour les battre, et rien de plus.

Cela dit, il faut tout de même reconnaître que l’œuvre a tout de même quelques idées plutôt intéressantes, comme le choc des cultures où le paranormal et le mystique entrent dans notre réalité, qui est illustré de différentes manières. Comme avec Cole Young, qui lui toujours en décalage par rapport aux évènements, porte souvent des vêtements tout à fait normaux alors que tous les autres personnages sont en tenues de combat. Bien sûr, ça a l'air un peu ridicule, mais ça marche en termes de narration. Ou encore Bi-Han/Sub-Zero, qui lui est présenté à la manière d’un monstre d’horreur, un revenant qui cherche à détruire l’éternelle lignée de son rival d’antan, et qui s’impose comme une bête sauvage qui peut nous traquer n’importe où, un monstre antique de sang-froid devant un monde moderne légèrement inepte, ce qui est présenté avec une de ses victimes, Jax. Celui-ci, perdant ses bras en rencontrant Sub-Zero, montre les répercussions de ce choc des cultures et il possède une sorte d'arc, le menant à accepter sa place dans le Mortal Kombat. Et finalement, Kano, un bandit, qui lui aborde à peu près tout ce qui se passe avec un ton assez moqueur, chose qui est tout de même assez apprécié dans ce film qui se prend un peu trop au sérieux et qui malheureusement ne creuse jamais plus loin pour explorer ses idées, vu qu'il se contente de suivre son parcours en pilote automatique: S'entraîner au combat et combattre des méchants qui sont juste des méchants pour arriver à la fin.

Et ce manque de réflexion se ressent aussi dans le montage, l’assemblage du film qui lui est un peu bateau, fait ce qu’il faut pour raconter l’histoire sans réelle raison ou thématique ou idées dans son découpage. C’est là pour être là. Excepté un moment plutôt intéressant vers le dernier acte où une préparation de plan et son exécution sont assemblés en parallèle, l’un avec l’autre.

Cela m’amène aux combats en eux-mêmes, l’attrait principal de Mortal Kombat, qui sont corrects. Malgré quelques fois où il y a beaucoup de coupes rapides, on peut quand même suivre ce qui se passe, mais il faut l’admettre que ces combats sont un peu mous et même illogiques.

En dehors de la séquence d’action qu’on voit dans l’ouverture où on peut ressentir une certaine viscéralité en dégager, la plupart du temps on est dans un lieu d’entraînement, donc très peu d’enjeux ou risques de décès. Et même en dehors de ce lieu, on a des combats qui sont presque illogiques avec des humains normaux qui survivent un nombre de coups qui normalement devraient les atomiser! Tout ça parce que c'est un film de regroupement de héros, donc, ils ne peuvent pas vraiment subir de grosses pertes.

Bien sûr il y a du sang comme dans les jeux et il y a même les « Fatalities » tirées directement des jeux également, mais honnêtement, c’est un peu mal mené et ça manque vraiment d’impact. On ne dirait pas que le sanglant vient de façon naturelle, tout ça parce que les combats normaux sont un peu mous donc quand on a des éclaboussures de sang, ça arrive tellement soudainement comme des gros splashes de litres que ça en est un peu… comique ! On n'a jamais l'impression d'un combat brut ou MORTAL, contrairement à des films comme Fight Club, The Raid, John Wick ou même Deadpool ! Des combats qui nous font faire "OOmmppff".

D'ailleurs, malgré la simplicité désirée de ce film, il y a beaucoup de choses qui restent incompréhensibles, à savoir, comment les méchants sont-ils capables de traquer ceux qui portent une marque sur le corps (est-ce une sorte d'aura, ou un ki ou une sorte d’énergie que seuls les gens d’Outre-Monde peuvent sentir ? Je ne sais pas) et comment les poursuivis peuvent-ils même se cacher ? Autre exemple, Scorpion est fidèle au Shirai Ryu, et Sub-Zero, fidèle au Lin Kuai. Mais c’est quoi ça Lin Kuai ou Shirai Ryu ? Dans les jeux, c’est les clans de ninjas ou d’assassins d’où ils viennent. Mais dans le film, on mentionne juste le nom et rien d’autre. Aucun historique, aucune explication pour savoir d’où viennent l’un ou l’autre. Nada. En tout cas, si vous ne connaissez rien au jeu ou à l’univers Mortal Kombat… Ouf… Bonne chance pour comprendre quoi que ce soit dans l’histoire de ce film ! Je vous ai résumé le tout du mieux que je pouvais.

En général, le film n'est pas mauvais, il manque simplement d'inspiration et même d’énergie et d’intérêt envers lui-même. Et je suis obligé de le dire, ce n’est pas aussi bien que le film original de 1995. Celui-là n’était pas un chef-d’œuvre exceptionnel, mais il savait ce qu'il était : C'était un film d’art martiaux dans un monde aux mythes et mystères des plus rocambolesques mais il s'est amusé avec. Ça n’avait pas la maîtrise d’un Opération Dragon, mais ce qu’il avait, il nous l’a donné à la pelle !

On l’acceptait que dans ce monde, il y avait un tournoi mythique à chaque génération, que ce Shang Tsung choisissait ses combattants terriens par leur égo et leur désir de vengeance. Le film offrait aussi un monde d’une esthétique rustique assez alléchante, et des acteurs à fond dans le tout. Imposants, menaçants, tout en apportant une touche plutôt humoristique qui avait son charme. Christophe Lambert avec son dieu du tonnerre sage, puissant mais aussi aimant et rieur, Trevor Goddard dont son Kano était tellement parfait que les jeux qui sont venus après s’en sont inspirés et surtout, Cary Hiroyuki-Tagawa qui porte et dévore le film en Shang Tsung, sadique sorcier mangeur d’âmes!

Là où les nouveaux acteurs n’arrivent hélas même pas à la cheville des anciens, malgré tous leurs efforts. Ils sont corrects, mais ne servent que leur fonction sans plus. Méchant qui fait des discours, ennemi de passage ou figure de mentor. Rien ne ressort du lot, aucun n’arrive à donner de la personnalité à leur personnage. Je suis désolé, mais en voyant le Raiden de ce film, je ne pouvais pas m’empêcher de ricaner parce qu’on dirait plus un cosplayeur de convention que le vrai dieu du tonnerre.

Les seuls qui réussissent à se démarquer sont Joe Taslim (The Raid, The Night Comes for Us) en Sub-Zero et Hiroyuki Sanada (Le Dernier Samouraï) en Hanso Hasashi/Scorpion! Les seuls qui réussissent à donner vie à ce film en termes d’histoire et de combat. Dommage qu’ils soient si inexplorés et qu’on ne les voit pas souvent. Probablement parce que le film est à petit budget et ces deux-là coûtaient plus chers, je ne le sais pas.

Et finalement, le Mortal Kombat, ce tournoi qui est le fil conducteur de ce scénario, le titre du film, n’arrive jamais. Non, jamais. J’imagine que ce film voulait plus introduire les personnages qui y participeront mais, même à ça, on n’en retient pas grand-chose. C’est un peu comme si le film n’avait pas tant d’importance, il est… juste là.

En fait, c’est la meilleure façon qu’on peut résumer ce film… C’est juste là. Rien de très très méchant mais vraiment rien d’extraordinaire et il manque d’inspiration et d’énergie pour lui permettre de se démarquer. Ça ressemble plus à un film qu’on trouverait sur une chaîne de télé au hasard un dimanche soir. S’ils en font une suite, d’accord, mais il faut vraiment s’améliorer. Ce qui est surprenamment dommage considérant que les jeux vidéo eux-mêmes, un art pas nécessairement reconnu pour son écriture scénaristique et ses histoires développés, ont su offrir une expérience beaucoup plus proche du cinéma que ça. Ça va pour Mortal Kombat et même pour d’autres jeux comme Resident Evil, si on compare ce que nous offrent les jeux contre le cinéma… C’est moi ou s’est rendu que les jeux vidéo eux-mêmes sont de meilleurs conteurs d'histoires que Hollywood ?