Monstres Academy
6.4
Monstres Academy

Long-métrage d'animation de Dan Scanlon (2013)

Depuis quelques temps, il ne faut pas se leurrer : les studios Pixar ont vraiment perdu de leur superbe, enchaînant les suites (pour rappel, Le Monde de Dory est en préparation). Bon d’accord, l’une d’elles s’est montrée hautement réussie (Toy Story 3), et un nouveau projet à vu le jour (Rebelle qui, malgré sa beauté visuelle incontestable, n’était pas une franche réussite niveau originalité). En parlant de ça, je veux bien entendu viser Cars 2 : suite qui ne mérite aucunement son appartenance à Pixar, et ce du fait de son côté commercial (suite faite histoire de, scénario inexistant, aucune âme, juste regardable). Et depuis, c’est presque devenu une petite frayeur, d’avoir une suite Pixar du calibre de Cars 2. Bon, il faut bien avouer que l’univers des voitures parlantes n’a pas été la meilleure œuvre des studios. C’est pour cela que la crainte envers Monstres Academy n’était pas très forte (Monstres & Cie étant un de mes films d’animation préférés). Et au final, il faut toujours avoir peur…

Bon, pour ceux qui seraient passés à côté de la promo, rappelons que Monstres Academy n’est pas une suite mais un prequel (en gros, cela se passe avant Monstres & Cie). Où est racontée la rencontre entre nos deux héros, Jacques « Sulli » Sullivan (l’énorme peluche bleue tachée de mauve) et Robert « Bob » Razowski (le cyclope en mode boule verte). Premier accrochage que se fera (comme le dévoile le titre) à la fac. Mais que ce soit suite ou prequel, le but pour accrocher est de nous étonner (Pixar étant, un temps, réputé pour l’originalité de ses produits). Avec Monstres Academy, vaut mieux passer son chemin ! Déjà dans le fait qu’il s’agisse d’un prequel et non d’une suite. Et pour cause, question suspense, nous ne somme pas gâtés, étant donné que nous savons exactement comment cela va se terminer (la relation entre Sulli et Bob, leur avenir à tous les deux, la relation de nos héros avec Léon…). Et puis, il semblerait que l’équipe du film était en panne d’inspirations jusque dans les détails. Rappelez-vous Monstres & Cie, où les « monstres figurants », de par leur physique, avait de quoi apporter une bonne touche d’humour (la gelée passant à travers une grille d’égout, celui éternuant du feu sur son journal…). Ici, alors qu’un campus pouvait être un véritable terrain de jeu, on se retrouve au final moins emballé par les personnages qui grouillent à l’écran. Ce qui en vient à un autre problème de Monstres Academy.

Le manque de protagonistes charismatiques ! Hormis nos chers Sulli et Bob, je ne vois franchement aucun monstre du film qu’ait retenu mon attention. À part peut-être Mme. Hardscrabble (mix entre un dragon et un mille-pattes) et la bibliothécaire (limace géante). Mais sinon, le look de chaque personnage n’apparait pas comme travaillé. Plutôt fait à la va-vite, histoire de fournir des connaissances, des seconds couteaux et des adversaires à nos héros. Avec surtout l’impression de voir des monstres différents pourtant si ressemblants question apparence…

Et puis, pour ce qui est du « film de campus », Monstres Academy, même là-dessus, n’invente rien. Alors que Monstres & Cie usait à merveille de ces idées pour les fusionner à merveille avec le monde de l’industrie (la crise du cri d’enfant, les actionnaires, le recrutement…), ce prequel ne fait que piocher ce qui a déjà été dit et fait sur le sujet. Notamment avec cette rivalité entre le cancre cool (Sulli) et le petit intello qui veut réussir (Bob), les équipes universitaires (les leaders face aux losers), le doyen célèbre. Jusqu’à reprendre cette idée d’épreuves que l’on voyait déjà dans Harry Potter et la Coupe de Feu. Trois paragraphes pour dire que Monstres Academy manque cruellement d’originalité.

Mais ce n’est pas tout ! Ce qui fait également défaut à ce film d’animation, c’est son manque d’âme. Carrément blasphématoire pour un Pixar !! Pendant 1h40 (c’est bien la peine de rallonger la durée par rapport au premier film si c’est pour moins bien faire…), on ne fait qu’assister aux épreuves, aux chamailleries, aux gags pas vraiment drôles… Et surtout, tout ça manque d’émotion ! Le premier, là-dessus, était génial avec sa musique douce et surtout le personnage de Bouh (dont l’absence ici fait lourdement défaut). Bon, il y a bien quelques moments sur l’amitié qui peuvent attendrir les plus jeunes (d’ailleurs, c’est pour ça que je considère Monstres Academy comme légèrement meilleur à Cars 2), mais cela ne suffit pas pour toucher un public plus mature. Des spectateurs qui s’attendent à être émerveillés par du spectaculaire (rappelez-vous encore du « stock à portes » de Monstres & Cie). Autre détail que vous n’aurez pas avec ce prequel, malheureusement.

Autre défaut (et de taille !!) mais qui ne touche cette fois que la VF : ce n’est pas la même !!! Bon, j’admets que les personnages sont plus jeunes et que cela doit se sentir dans leur voix. Mais quand l’équipe garde les mêmes doubleurs originaux (Billy Cristal, John Goodman, Steve Buscemi, Frank Oz, John Ratzenberger…), eh bien, on fait appel aux mêmes personnes ! Seulement, seul Éric Métayer (Bob, qui semble bien moins s’éclater que dans le premier) revient. Exit Jacques Frantz (Sulli, pourtant entendu dans la bande-annonce), Dominique Collignon-Maurin (Léon) et d’autres (dont je tairais le nom pour gâcher la surprise des apparitions). Même du côté des stars annoncées, ce n’est pas folichon : si Catherine Deneuve s’en sort plutôt pas mal en Mme. Hardscrabble, Jamel Debbouze se montre tout aussi discret et inutile que son personnage (Art, le monstre poilu violet à grosses jambes et petits bras). On se contentera donc de doubleurs de qualité (Michel Papineschi, Emmanuel Garijo et Donald Reignoux) mais seulement que pendant quelques instants.

Attention, Monstres Academy n’est pas à jeter en tant que film d’animation ! Déjà sur le plan animation, où Pixar n’a plus rien à prouver, et ce depuis fort longtemps. Nous sommes bien loin de la beauté de Nemo, WALL-E et Rebelle, mais ça reste grandement réussi (dans l’esprit du premier film). Et puis, même si le film ne semble viser que les enfants de par un humour fort peu travaillé et une histoire simpliste, c’est un vrai plaisir de retrouver Sulli et Bob dans de nouvelles aventures. Sans compter qu’on sourit aisément devant les références à Monstres & Cie (la peluche de Bob, les CDA, quelques personnages, Bob toujours « incomplet » sur une photo…). D’où le fait d’avoir un Monstres Academy regardable, mais vite oubliable.

Malheureusement, cela ne suffit pas pour ce prequel d’atteindre des sommets, que ce soit dans la saga Monstres & Cie ou bien dans la liste d’œuvres signées Pixar. Comme quoi, faut sans doute s’intituler Toy Story pour être une suite réussie. De quoi appréhender ce que donnera Le Monde de Dory !! Je n’ai qu’une chose à dire : Pixar, revenez avec de l’originalité, arrêtez le commercial qui foire votre réputation et la qualité de vos films !!!

P.S. : un détail qui tue ce prequel  d’après une réplique de Monstres & Cie, Bob et Sulli se connaissent depuis la maternelle et non à partir de la fac (Bob accusait Sulli d’être jaloux de son physique depuis la maternelle). Vous pouvez le vérifier en regardant le premier film, 1000 fois meilleur que ce Monstres Academy, distrayant mais inutile.

Créée

le 10 juil. 2013

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