Immersion au cœur d’une certaine frange de la population, celle qui a voté massivement pour Trump

Une plongée fascinante et parfois creepy au cœur d’une petite bourgade du Midwest américain qui compte 1400 habitants et dont 76% de la population a voté pour Donald Trump à l’élection présidentielle de 2016.


Le documentaliste Frederick Wiseman nous invite à découvrir le quotidien de Monrovia, une petite ville refermée sur elle-même et où les habitants vivent en autarcie (ils ne se préoccupent pas de ce qu’il se passe en dehors de leur ville et ne vont que très rarement dans la plus grande ville de l’Indiana, située à seulement 30min, à savoir Indianapolis).


Le réalisateur a laissé traîner sa caméra pendant 9 semaines, durant lesquelles il aura filmé des instants de vie, banals & ordinaires. Une immersion dans la routine de cette bourgade, à la rencontre de ses administrés (citoyens & commerçants). Pendant près de 140 minutes, le réalisateur enchaîne les séquences tantôt ennuyeuses tantôt drôles. On se retrouve ainsi chez le coiffeur, le garagiste, un éleveur de porcs, un agriculteur, un vétérinaire, une épicerie, un salon de tatouage, une armurerie, une vente aux enchère agricole (où les enchérisseurs s’endorment face au commissaire-priseur qui débite des chiffres sans discontinu), un supermarché (où les bouchers charcutiers s’affairent), …


Comme à son habitude, Frederick Wiseman ne prend pas la parole, il laisse les gens s’exprimer face caméra et parfois, de longs silences sont plus éloquent que de longs discours. Comme ce sera le cas dans City Hall (2020), on assiste à des conseils municipaux ainsi qu’à diverses réunions, comme celle de la loge maçonnique (grand moment WTF où des hurluberlus récitent leurs textes et s’autocongratulent en se remettant des médailles) ou lors d’une assemblée Lions Club où les adhérents débattent de l’intérêt ou non de financer l’achat d’un banc qu’ils pourraient offrir à la communauté et à quel endroit il serait le plus judicieux de l’installer (fort passionnant vous en conviendrez).


Des tranches de vie au cœur d’une population à 96% blanche, féru d’arme à feu et fervent catholique. Ils vivent dans leur bulle, dans leur quiétude coupée de la réalité et aiment à se rappeler les exploits sportifs de leurs grandes gloires locale (comme en témoigne la séquence au lycée). Alternant entre les célébrations religieuses, les kermesses et autres foires agricoles, on se retrouve pleinement immerger à leur côté, le dépaysement est total.


Le réalisateur donne l’occasion de voir une population rarement montrer au cinéma ou à travers les médias. Une certaine frange de la population à qui l’on ne donne que trop peu la parole. C’est en cela que le film s’avère intéressant, même si certains passages s’avèreront trop long ou pas intéressants.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger


Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »

Créée

le 18 mars 2021

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RENGER

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