Dès les premiers instants du film, le décor est planté, les rôles distribués ( une mère et un fils hauts en couleurs, en cris et en jurons; une banlieue en clair-obscur, une référence à une loi fictive dont on se doute bien qu'elle n'est pas là par hasard... quand même): tout cela ne peut que mal finir. On devine que le terrible - mais très attachant - Steve, gamin bruyant, braillard, violent, hyperactif, provocateur, ne va pas devenir diplômé de Julliard, ni jeune marié, comme Diane, sa mère, l'imagine dans une touchante rêverie au cours d'une des dernières scènes avant le drame. Pourtant, on se surprend à espérer avec le trio (composé de Steve, Diane et Kyla, un personnage balbutiant au sens propre comme au sens figuré) que leur équilibre bringuebalant tiendra la route.
La violence du lien mère-fils, l'art de la vanne sèche des deux protagonistes, cette impression de réalité, les événements qui s'enchaînent dans un incroyable crescendo - tout cela fait de Mommy un film où l'on ne s'ennuie pas.
Mais encore?
On ne comprendra jamais quel bouleversement dans la vie de Kyla a conduit cette jeune enseignante à ne plus pouvoir exercer et à perdre quasiment la parole. Ni pourquoi cette loi fictive invoquée - faisant donc de Mommy un film d'anticipation - alors que les lois existantes suffisaient largement. Ni quel cheminement a conduit Diane à orchestrer cette sinistre mascarade (une virée au bord d'un lac). Quant à la dernière scène du film, elle sent le beaucoup-déjà-vu...
Les émotions des personnages prennent au coeur, la complexité des liens entre Diane, Steve et Kyla, aussi solides que ténus, sont poignants plus souvent qu'à leur tour. Chapeau bas aussi pour la bande originale géniale. Toutefois, ce film laisse avec un goût, ou une une larme, de "mais encore?".