Le film le moins pénible de Dolan et en même temps le plus inintéressant.

Alors que Cannes a besoin de faire vivre le petit prodige qu'elle s'est fabriqué, le Canada vient de sélectionner Mommy pour le representer aux Oscars. On n'a donc pas fini d'en entendre parler.

Et pourtant...

Le postulat pseudo politique de départ n'a d'autre intérêt que d'annoncer le drame final. Mais de toute façon le film n'est qu'un enchainement de situations convenues et de développements attendus.

La fausse bonne idée du format carré n'est pas dérangeante en soi mais n'apporte rien. Au delà de l'esthétique hipster Instagram, on se demande si Xavier n'avait pas tout simplement la flemme de construire ses plans. Là, c'est sûr, la caméra est au plus près des visages et de l'émotion. D'ailleurs le réalisateur éprouve lui-même par moment le besoin de s'échapper de ce cadre qu'il s'est imposé et qui bride la cinématographie et confère à l'ensemble une émotion de téléfilm.

Peu client du style Dolan et assez hermétique aux sujets qu'il traite, je me rattrape d'habitude avec la direction d'acteur en général très bonne et quelques scènes franchement bien écrites. Hélas ici il n'en est rien. Même Anne Dorval surjoue et ne parvient pas à sauver le film. Certes, comme annoncé, le blondinet est très bien. Quel dommage qu'on ne demande aux comédiens que de hurler et de casser tout ce qui leur tombe sous la main. Suzanne Clément, insupportable dans le plus que poussif Laurence Anyways et que je redoutais au départ, s'est avérée être la bonne surprise du film.

Enfin, alors que le flash forward fantasmé d'Anna Dorval aurait amplement suffi, on a droit à l'habituelle fin qui n'en finit pas de finir si chère à Dolan, chaque scène ajoutant à la caricature.

Le fond est systématiquement relégué chez Dolan au second plan pour privilégier l'exercice de style et je n'ai rien contre dans l'absolu, encore faut-il que ce soit réussi. Mais moi qui ai toujours critiqué la forme, je me retrouve à presque regretter ici sa relative mesure car il ne me restera rien de ce film. Pas même le souvenir d'une main froissant un pull fushia à contre jour.
FlorianLemaitre
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le 22 sept. 2014

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