Votre mission, si toutefois vous l'acceptez, consistera à dépasser Fallout et l'ensemble des films d'espionnage en les propulsant dans l'ère des fakes news et de l'intelligence artificielle ...

Fallout fut la somme de tous les les Mission: Impossible de l'ère Cruise et de quelques uns de la série originelle, Dead Reckoning est la somme de tous les Mission: Impossible toutes ères confondues (magnéto et documents, le personnage nommé Briggs comme un certain Dan, une Veuve Blanche plus Max que dans le précédent opus, le retour de Kittridge ou des tours de passe-passe, le passé de Hunt proche de celui de Hand et visuellement très proche du début du film de Brian de Palma, la voleuse qui intègre l'équipe et l'ancien mentor d'Ethan façon M:I 1 et 2, John Lark, la tempête de sable façon Protocole Fantôme et le mot "fantôme" propre aux 1 et 4, la séquence du train ... on ne saurait faire la liste folle et exhaustive de toutes les références). Mieux encore, ce Mission: Impossible brasse un nombre de références impensable et livre un palimpseste comme aucun des actuels ne sait le faire, c'est à dire avec finesse et subtilité en s'appropriant agréablement le matériau source: de James Bond (surtout Demain ne meurt jamais mais aussi L'Espion qui m'aimait, Rien que pour vos yeux, Moonraker, Casino Royale - jusqu'à ses parodies peut-être: la clef fera songer les francophones à L'Espion qui cherchait l'amour des Minikeums) ou des 39 marches d'Hitchcock (menottes oblige) à des références plus inattendues: la description d'Ethan Hunt ou son intrusion masquée au QG de la CIA digne d'un X-Men ou d'un opus du MCU (qui userait bien mieux de la gentille Pom Klementieff en lui offrant un rôle de méchante assez jouissif), Uncharted ou un Robert Langdon (clef oblige), Mad Max ou la Momie (Désert et bandeau de pirate oblige), comme un prequel de Matrix ou d'I robot ... la liste est sans fin ! Sans fin à tel point qu'on pourrait même songer au radiophonique: les vieux de la vieille et autres gonzes cultivés penseront au Sébastopol d'un certain Signé Furax !

Le plus, c'est ENFIN de l'inclusion naturelle et non forcée comme avant le wokisme: et ça fait du bien !

Les tandems de couleurs ou de sexes sont drôles, dans le jeu, dans l'harmonie humaine qui les rend attachants, permettant d'effacer les caractéristiques qui par ailleurs tiennent du quota derrière de vrais et bons personnages, qui séduisent et auxquels on s'attache.

Il semble se profiler d'ailleurs comme un testament éponyme: Hunt arrivé à la croisée morale des chemins de Jim Phelps, craignant de perdre ceux qu'il aime, semble vouloir passer la main à une belle version féminine de sa personne: mais laquelle ? Car l'autre doit mourir. Ou partir avec lui, loin de tout ça, comme prévu initialement avec Julia.

L'autre PLUS, c'est la capacité incroyable de Tom Cruise à maîtriser non pas les cascades - à cela, on s'est habitué et les cascades, ici, sans être pauvres, n'ont pas toujours l'éclat des 4 et 5 même si certaines leur ressemblent et que la plupart des scènes d'escarmouche, de poursuite ou de voltige valent leur pesant de cacahuètes - mais à maîtriser les codes du genre de l'espionnage dans ses différents versants pour les réutiliser avec brio tout en les inscrivant magistralement dans un XXI e siècle, ère des Intelligences Artificielles, permettant une réflexion plus profonde que les autres métrages nombreux de l'année 2023 qui effleurent le sujet, se l'appropriant à la Mission: Impossible respectant plus que jamais le matériau pour faire renaître la paranoïa et le romanesque aux origines de ce genre.

Le méchant du jour - et du prochain - n'est pas humain: l'humain est son homme de main (et quel homme de main !). L'antagoniste, c'est l'Entité numérique elle-même qui renvoie la création d'un certain Oppenheimer à un âge révolu ... et, partant, le film de Nolan avec ...

Subséquemment, Cruise et McQuarrie parviennent à se ré-emparer du thème de l'analogique et de la sécurité par les anciens biais de communication et d'information ou d'échange mieux que ne l'ont proposé Skyfall, RED ou encore Johnny English 3: un film qui répond tant d'attentes inexplorées ou mal explorées jusqu'ici !

Préparez-vous, dès à présent, pour ce qui s'approche toujours mais n'arrive jamais, car Ethan Hunt a déjà un pied dans le futur !

Ce message, déjà antique de seconde en seconde s'auto-détruira dans 5 secondes. Bonne chance !

Et .... à la place, une théorie du complot comique inspirée du film et de son antagoniste pour s'amuser à se faire froid dans le dos:

Re-regardez les images du générique à la Matrix de Mourir peut attendre.

La preuve que ce générique, ainsi que le reste du film, ont été réalisés par l'Entité de Mission: Impossible 7.

D'ailleurs, même Daniel Craig n'est T800 créé par cette IA pour devenir James Bond en 2006 et saborder la franchise.

Et c'est là LE véritable tour de force et de passe-passe de Tom Cruise !

Sa meilleure cascade était intellectuelle et numérique et personne n'a rien vu venir quand en 1996, il a fait dire à Hunt: "Vous avez aucune idée de ce dont je suis capable quand je suis en colère"

Frenhofer
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le 3 sept. 2023

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Frenhofer

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