L’allégresse que manifeste Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, visiblement heureux de donner vie à un bestiaire fait de créatures démoniaques et de freaks en tout genre, se traduit à l’écran par un rythme soutenu qui balaie ses enjeux profonds, élude la complexité des personnages, évacue l’aspérité d’une réflexion sur le deuil d’un parent. L’essentiel réside dans l’adaptation du roman et l’enchaînement de ses péripéties, en d’autres termes dans le récit perçu comme un ensemble de situations devant nous conduire d’un point A à un point B en passant par des étapes ; et c’est cette impression de ballotement de station narrative en station narrative qui prédomine, en dépit d’un talent évident pour raconter une histoire, Tim Burton étant un conteur né.
Aussi, les nombreuses références au cinéma de genre couplées au recrutement d’acteurs en vogue aujourd’hui – Judi Dench, Samuel L. Jackson –, auxquels sont demandées des interprétations caricaturales, parasitent-elles l’authenticité du regard que porte le cinéaste sur sa galerie d’enfants anormaux, de même que son dispositif temporel confère-t-il une dynamique forcée et artificielle. Ce que construit ici Burton ressemble davantage à un parc d’attractions, dans lequel lui aussi se met en scène et brade son imaginaire. Il le fait avec un second degré mordant et une noirceur surprenante compte tenu du public visé ; Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children n’en demeure pas moins une réussite mineure dans l’immense carrière du cinéaste.