MISS PEREGRINE et les enfants particuliers (13,6) (Tim Burton, USA, 2016, 127min) :


Cette fable fantastique étrange nous conte le destin de Jacob, jeune garçon «ordinaire» élevé par les histoires fantasmagorique de son grand-père, dont il ne croit pas qu’elles puissent être réelles. Jusqu’au jour où il découvre son grand-père mourant avec les yeux énuclée puis découvre des indices le menant à un monde mystérieux où demeure la maison particulière de Miss Peregrine. Après quelques errances cinématographiques notamment le laborieux BIg Eyes (2014), le bric à brac Dark Shadows (2012) et le Disneyfié Alice au pays des merveilles (2010) sauvé par le retour aux sources avec Frankenweenie (2009), le réalisateur Tim Burton revient avec une adaptation libre du célèbre roman de jeunesse fantasy Miss Peregrine et les enfants particuliers publié le 7 juin 2011 par l’auteur américain Ramson Riggs. La rencontre de l’univers littéraire de Riggs avec l’atmosphère cinématographique de Burton semblait inéluctable et le résultat s’avère être une réussite. Le réalisateur retrouve la forme et sa mise en scène s’empare du best-seller avec une élégance et une réelle virtuosité esthétique collant parfaitement à l’univers du cinéaste. Le spectateur retrouve les obsessions burtoniennes, la transmission des adultes, des freaks, droit à la singularité avec des « monstres » aux capacités magiques, comme un refus du monde du réel bien trop anxiogène par rapport aux pouvoirs du monde imaginaire. Le récit complexe met pas mal de temps, voire trop de temps à se mettre en place, mais le schéma scénaristique en boucle temporelle une fois bien structuré se révèle parfaitement huilé. La caméra utilise parfaitement les décors gothiques, la maîtrise de la mise en image confirme le talent unique du cinéaste mais nous replonge un peu trop souvent dans un univers déjà illustré de Beetlejuice à Big fish en passant par des nombreuses auto citations surréalistes présentes dans Edward aux mains d’argent. Malgré ce défaut de manque de surprise artistique l’affrontement du monde de ces enfants particuliers qui subissent plus à leur dépend leurs pouvoirs magiques face au monde des adultes assez rude, calculateur et pathétique. Le long métrage nous délecte avec des effets spéciaux aussi bien réalisés à l’ancienne qu’avec les technologies les plus modernes, mais donnant toujours un cachet unique aux monstres tentaculaires, squelettes ou autres marionnettes dans une féérie lugubre et parfois effrayante pour les plus petits spectateurs. Ce conte adulescent initiatique offre un récit mélancolique genre Un jour sans fin de par sa structure mais n’oublie par le côté aventure en exploitant bien chaque particularité de chaque enfant avec des scènes spectaculaires (le bateau sortant de l’eau, le combat final avec les squelettes…) sans négliger l’humour avec des situations où certains enfants possèdent un pouvoir assez singulier par rapport à leur âge ou leur physique. Cette histoire manque un peu d’émotion et son rythme parfois irrégulier à cause de certaines facilités scénaristiques, n’altère pas trop le plaisir de ce long métrage multi facettes et cinématographiquement très référencé entre les clins d’œil redondants à l’univers X-Men ou le classique Jason et les argonautes (1963), Mary Poppins (1964) ou encore plus étonnamment au film de Bresson : Pickpocket. Impossible de penser que l’une des célèbres répliques du cinéma français « Il m’a fallu tant de chemins pour parvenir jusqu’à toi » du classique de Bresson adressée à Manika Green (tante d’Eva Green) n’ai été intégré par hasard par le cinéphile Burton dans ce film là où Eva Green a le premier rôle. En effet rarement film de Burton n’avait trouvé dans le rôle principal un tel alter ego au féminin du créateur, Miss Peregrine interprétée avec justesse et flamboyance par l’actrice française qui accompagne avec bienveillance le reste du casting enfantin dominé par Asa Butterfiel (Hugo Cabret) assez éloquent. Les autres comédiens confirmés avec en tête de gondole un Samuel L. Jackson qui cabotinent un peu dans un registre déjà vu est secondé par les acteurs Terence Stamp, Rupert Everett et Judi Dench se contentant d’être plus en retrait. Cette nouvelle œuvre oscillant entre la saga Harry Potter et Sublimes créatures, prouve à nouveau toute la maestria visuelle de Burton dans sa façon bien personnelle de nous conter ses histoires particulières mais confirme qu’il n’est peut-être plus le précurseur et le visionnaire d’antan. Venez, vous laissez enchanter par cette magie divertissante demeurant au cœur de Miss Peregrine et ses enfants particuliers. Mystérieux, long, créatif et enchanteur.

seb2046
7
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le 8 oct. 2016

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