Après nous avoir concocté depuis 1987 deux excellents longs métrages, à savoir Princess Bride et Quand Harry rencontre Sally, Rob Reiner ne pouvait pas, en cette aube des 90's, nous servir une énième histoire d'amour. Il fallait que ce soit l'Histoire d'amour avec un grand H, celui-là même que l'on rencontre dans Horreur.


Misery est un film romantique, absolument. Je suis certain que le mot "sabot" est désormais particulièrement piquant d'amour et de tendresse pour vous qui avez vu le film. On se comprend vous et moi, j'en suis certain... Ne vous cramponnez pas trop à vous savez quoi, pensez un peu à ceux qui ne l'on pas encore découvert.


Pour ceux-là mais aussi pour tous, voyons de quoi parle donc cette oeuvre cinématographique tirée du livre éponyme du si romantique Stephen King. Paul Sheldon (James Caan) est un romancier dont la série de livre "Misery" connait un véritable petit succès chez nos ménagères de moins de cinquante ans. Un beau jour de blizzard alors que l'ami Paul se rend au volant de sa Ford Mustang dans un hôtel qui lui est familier, le manuscrit de son dernier né au fond de sa serviette en cuir, voilà que les commandes ne lui répondent plus et que l'engin bascule nez en avant dans l'épaisse poudreuse. Une mort terrible l'attend à l'intérieur du cercueil de glace mais voilà qu'une mystérieuse femme, aidée d'un pied de biche, parvient à extraire notre héros, emportant au passage la serviette car, comme chacun le sait, n'oubliez pas d'emporter une serviette. Notre ange gardien c'est Annie Wilkes (Kathy Bates que certains auront également vu dans American Horror Story), un charmant brin de femme vivant au beau milieu de nulle part, une ancienne infirmière très compétente qui plus est. Annie, en tant que fan inconsidérée de Paul et de ses ouvrages l'installe bien gentiment dans une chambre d'ami, restant à son chevet, respectant ses désirs. Hélas, le froid a fait planter les communications et la route de l'hôpital demeure impraticable. Cela aurait été problématique si Paul n'avait pas atterri entre des mains aussi douces que celles d'Annie. En fervente lectrice, notre infirmière tombe rapidement sur le livre achevé par Paul. Qu'y découvre-t-elle ? Peut alors débuter notre romance entre cette groupie et son idole...


Ah, mes excuses chers amis aurais-je utilisé le mot "Horreur"" dès le premier paragraphe ? Jusque-là cela n'y ressemble guère. Je ne trompe personne je sais bien... Maintenant si l'envie vous prend de constater pas vous même en quoi la patte littéraire de Stephen King impacte sur le film, je ne saurai que trop vous le recommander et poursuivre ultérieurement cette critique.


...


Je n'irai pas par quatre chemin pour mes lecteurs, ces survivants de l'enfer, Annie est sans conteste l'une des plus grandes psychopathe du cinéma, toute époque confondue. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'elle a été classé 17e au classement des plus grands méchants du cinéma par l'American Film Institute. Javier Bardem vous a hanté lui et son regard plus glacial que l'arctique ? Pauvre petits pleurnichards que vous êtes, le véritable mal n'est pas ici. Le véritable mal sait jouer avec la subtilité d'un Keyser Söze. Le vrai mal sait se refermer sur vous au moment où tout espoir s’éteint. C'est là que Misery tire sa force. Le film parvient efficacement à retranscrire cette idée de capture, semblable à la mouche échouant sur la toile de l'araignée, croyant encore pouvoir se débattre et s'enfuir. Tout comme la mouche, nous cherchons un moyen, une échappatoire, seulement, l'araignée sait revêtir quand il le faut son costume de veuve noire. Elle est tantôt bienveillante, tantôt secouée d'une rage explosive, nous laissant dans une confusion malsaine, ne sachant laquelle de ses émotions craindre le plus.



Oh Paul...



Si son personnage de fan trahie, faute à la décision de l'auteur de faire mourir le personnage principal de sa saga favorite, nous crispe jusqu'au plus profond de nos entrailles, nous ne saurions qu'approcher l'horreur de ce pauvre Paul. Ce dernier est, étonnamment, presque aussi intéressant que sa comparse démoniaque. La voyant prendre une place considérable dans l'intrigue on aurait pu penser qu'elle éclipserait notre héros. Absolument pas. Paul se mû au fil de sa captivité d'une volonté de tous les instants, ne s'abandonnant jamais à l'abattement, réfléchissant chacun de ses actes, revêtant lui aussi un costume pour arriver à ses fins. La tension qu'impose le film est telle que l'on ne peut que ressentir de l'empathie pour lui, suant presque autant, nous tordant en tous sens lorsque jaillit la fameuse scène du sabot...


Remettons les choses en contexte, non pas vous compter le film (on se souvient tous de ce moment) mais vous parler de mon premier visionnage. C'était pendant un cours d'Anglais lors de mon année de Seconde au Lycée. Nous regardions alors gentiment Misery sur une télévision communément appelée "à gros cul", ne nous doutant pas de la teneur de la chose. Passant de la sympathie à l'engouement pour ce malheureux héros, nous ne vîmes pas venir cette cale en bois ni cette masse. Pour vous donner un ordre d'idée de notre réaction, à la fois spontanée et solidaire face à ces deux coups de masse, repensez à l'épisode 9 de la troisième saison de Game of Thrones. Même cri de douleur et de stupeur...


Et si cette scène reste et restera l'une des plus marquantes qu'il m'est été donné de voir, trônant notamment aux côtés de la chose du Labyrinthe de Pan (mais si vous savez, je parle de lui), elle n'est pas la seule à provoquer chez son spectateur une adrénaline fort bienvenue. Il y a par exemple tout ce passage avec l'inspecteur dans la maison d'Annie que je trouve puissant à percer un pectoral. Et si l'on saura rester indulgent face à l'enquête par trop poussive et expéditive que ce personnage nous sers à coup de découvertes se voulant prenantes pour n'être que banales et sans saveurs, on admirera cette scène finale, celle-là même décidant du sort de Paul. Pour l'exposer, je souhaiterait citer l'ami Paul, dont la finesse de langage en ravira plus d'un :



Avale jusqu'à ce que tu crèves, espèce de cinglée de merde !



Je pense que tous le monde s'accorde sur cette phrase comme étant la seule à lâcher à cette mégère. Et bon sang qu'elle a du mal à crever..


Et vous chers lecteurs, avant d'honteusement juger Annie comme je le fais, n'auriez-vous pas eu l'idée de faire la même chose à J.K Rowling si la fin de Harry Potter s'était avérée bien plus meurtrière ? J'utilise un exemple aussi trivial pour appuyer le fait que ce genre de sagas déchaîne bien souvent les passions, moi y succombant le premier (le tome 6 ayant survécu deux jours entre mes mains en octobre 2005). Mais bon, notre infirmière d'Annie semble être loin de son coup d'essai, aussi cela démonte totalement mon argument... Bref, vous avez compris l'idée.

Fosca
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le 13 nov. 2015

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