Dans ma vie, j'ai horreur des surprises, seul le cinéma est « autorisé » à m’en faire et quand une surprise est aussi belle, autant dire que j’en profite jusqu’à la moindre miette !
Misanthrope est le dernier film de Damián Szifron réalisateur entre autre Des nouveaux sauvages, une comédie déjantée géniale que je vous conseille vivement !
Cette fois-ci, changement complet d’ambiance, Damián décide de se placer du côté des polars noirs psychologiques et autant vous dire que ce revirement est une totale réussite !
Imaginez un réalisateur ayant l’intelligence de s’inspirer des meilleures idées de mise en scène d’un Fincher et d’un Villeneuve tout en ayant l’audace et l’esprit de s’approprier complètement leurs codes ! Avec Misanthrope, le réalisateur signe un film qui lui est propre, un polar haletant de bout en bout porté par un scénario d’une justesse et d’une précision inégalable !
Shailene Woodley est saisissante, adoré dans Big Little Lies, finalement, je dois avouer l’avoir un peu oublié dans le paysage audiovisuel américain. Mais avec ce nouveau rôle de jeune flic de liaison psychologiquement instable, contrainte de travailler avec le F.B.I lui va comme un gant et sonne extrêmement juste. À ses côtés, nous avons Ben Mendelsohn acteur que j’adore et que je rêve de voir plus souvent dans des rôles importants comme celui-ci. Il y campe un supérieur du F.B.I prêt à sauter à tout moment s’il ne parvient pas à résoudre l’enquête que nous allons suivre. Sa gueule, son grain de voix, chacune de ses punchlines et ce côté tendrement dur font de cette prestation une énorme réussite !
Mais Damián ne va pas s’arrêter là. Épaulé par son directeur de la photo Javier Julia (Les nouveaux sauvages) ils vont ensemble rendre cette traque en plein Maryland terriblement belle et paradoxalement extrêmement sordide. Filmée principalement de nuit, la ville de Baltimore ressemble parfois un grand parc d’attraction ou viennent se mélanger de nombreuses couleurs vives, des feux tricolores ou des gyrophares incessants, puis un coup de feu et tout s’arrête, l’extase d’une ville vivante laisse place à la froideur d’un bain de sang. Et tout cela est minutieusement retranscrit à l’image grâce à une gestion des lumières parfaite et de sublime idées de mises en scènes. (sans spoile, l’intro est un exemple parfait de cela)
Si on peut regretter quelques manques d’approfondissement aux personnages, notamment à notre héroïne qui aurait gagné à être un peu plus « humanisé » de part ses troubles psychologique, ce Misanthrope est un quasi sans fautes !
Je vous parle souvent du cinéma français et de ses films géniaux qui verront difficilement les 100 000 entrées et qui le méritent bien plus que certaines m**** à plus d’un million. Eh bien aux États-Unis aussi, ce cinéma existe et il ne faut pas l’oublier, Misanthrope est au moment où j’écris ces lignes à 10 000 entrées. Sans critiquer le spectateur des films populaires, je pense qu’il est parfois intéressant aussi de se laisser surprendre et d’aller au cinéma sans vraiment savoir ce que l’on va voir. Ça permet à des films plus indépendants de survivre et surtout ça vous permet à vous de découvrir de véritables pépites comme ce Misanthrope !
Foncez en salle, soyez curieux !