Prise d'otage : "Détention de personnes contre leur volonté ; le plus souvent afin de revendiquer quelque chose. Action perçue comme entravant la liberté de déplacement, comme une forme de chantage." Voici la définition en droit de la prise d'otage. Je voudrais maintenant ajouter le verbe : "Se faire Yannicker" c'est exactement le même principe sauf qu'ici c'est Raphaël Quenard votre persécuteur et évidemment tout de suite on ressent une forme presque masochiste de bonheur.


Yannick, est le reflet des invisibles, ceux que l'on ne voit pas, que l'on n'écoute pas et qui à leur manière vont chercher la lumière d'un soir, d'une vie.


Avec ce nouveau film, sorti de derrière les fagots, produit en fonds propres et d'une durée d'un tout petit peu plus d'une heure, Quentin Dupieux signe sûrement sa plus grande réussite.


Sans trop m'étaler, "Yannick" est le plus bel exemple de l'importance de l'écriture, et il faut le dire, Dupieux est un maître en la matière.


Le réalisateur révèle le plein potentiel de son acteur principal. Raphaël Quenard livre une prestation exceptionnelle avec un personnage dont l'agressivité laisse peu à peu paraître la douceur d'un enfant oublié. Il crée chez les pris en otage une forme d'attendrissement face à ce piètre bourreau qui, de toute évidence, était rempli de frustrations à extérioriser.


Mais ce qui, pour moi, fait de ce film la réalisation la plus réussie de Dupieux, c'est la mise en abyme qui nous est projetée de la critique sociale et artistique qui est dépeinte devant nous. Quel est le but de l'art ? Et notamment ici, du théâtre ? Ôter les soucis personnels de ce Yannick qui, par tous les moyens, cherche à rendre son quotidien morose un tant soit peu plus lumineux ? Cette pièce de théâtre de boulevard qui vient se heurter à la critique des hommes inévitablement comme pour nous dire que l'art n'est qu'une parenthèse de nos vies, un espace de rêve, d'imagination qui ne créera jamais rien de tangible. Sauf que Yannick lui, est notre porte-étendard à tous. Qui n'a jamais rêvé de se lever d'une salle de spectacle et crier au monde à quel point c'est mauvais ?


"Yannick" est une réussite implacable, portée par un Raphaël Quenard au sommet de son art et un trio d'acteurs qui l'accompagne, tous si criants de vérité dans cet absurde huis clos qu'on pourrait même croire que chaque rôle a été écrit sur mesure. Mention spéciale à Pio Marmaï qui s'approprie l'univers de Dupieux à sa façon tout en ayant exactement compris de quoi il en retournait.


C'est génial, foncez-y !

Stanvoyen
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le 2 août 2023

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Stanvoyen

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