Millennium Actress par Feedbacker
Le début m'a semblé un peu maladroit. Il est difficile de se plonger directement dans l'univers dépeint par l'actrice puisque la narration met également en scène les deux interviewers dans le flash-back, ce qui nous rappelle que c'en est un. Au premier abord, il est également difficile de se repérer entre ce qui est vrai et ce qui n'est qu'un film...
On comprend vite que la vie de l'actrice nous est montré à travers sa filmographie, ou vice-versa ; au final les deux se confondent et se complètent. De ce côté-là le film rappelle un peu Perfect Blue, pour sa tendance à perdre le spectateur entre la réalité et la fiction. Mais là où le premier plongeait au fur et à mesure le spectateur dans une spirale infernale, l'idée de base de Millennium Actress (l'actrice recherche un garçon qu'elle a rencontré étant gamine) permet rapidement de prendre ses repères et de retrouver le fil de l'histoire.
Et c'est là que ça devient plus intéressant : sa vie nous est dépeinte (le mot ne saurait être mieux choisi) à travers cette quête inlassable d'un amour perdu - ça sonne certainement niais comme ça, ça ne l'est pas.
Elle se trouve en perpétuel mouvement quand tout autour d'elle reste figé, en témoigne cette scène où on la voit furtivement passer devant une photo de classe, prendre la pose comme ses camarades, puis continuer à avancer quand les autres restent immobiles. On se prend finalement au jeu, subissant cette même frustration lorsque les deux personnages se croisent sans se retrouver. Les rôles de l'interviewer et du caméraman sont ici primordiaux puisqu'ils jouent notre rôle, celui du double-spectateur (de la vie de l'actrice, et de son film) : au moment où on voudrait l'aider à avancer dans sa quête, le journaliste intervient et lui donne un coup de main, comme on aimerait le faire.
Le film avance ainsi, partant de la naïveté de la jeune fille amoureuse jusqu'à la femme résignée, sa quête symbolisée par une clé qu'il lui a donné lors de leur rencontre. Cette même clé lui donne la foi en cet individu et en l'idée qu'elle le reverra un jour : elle la perd parfois, oublie cet idéal et revient sur Terre, mais la retrouve et continue inlassablement son périple.
Au final, on constate que le film fait parfaitement le pas entre le délire introspectif de Perfect Blue et le voyage des protagonistes de Tokyo Godfathers, présentant donc Satoshi Kon à son stade le plus brut. Millenium Actress reste l'oeuvre la plus représentative de l'ensemble de sa filmographie ; son style s'y confirme, ses thématiques se diversifient.