And I want my anger just for me.
Ma première confrontation avec la bête remonte il y a 5 ans, peut-être six. Mes connaissances musicales concernant Metallica étaient proches de zéro. Autant dire que ce documentaire ne m'avait pas vraiment impressionné, touché. D'ailleurs, je me rappelle très bien avoir demandé "Mais c'est qui, Cliff Burton ?" et aussi "Mais ce Dave Mustaine, il a quoi à voir avec le groupe ?"
Bref, j'ai laissé tombé l'affaire et j'ai pris la Jackson de ma pote qui traînait et je me suis mis à gratouiller (c'est aussi à cette période que j'ai commencé la guitare, mais bref). Et le documentaire m'est sorti de la tête. Des fois, je le cherchais sans trop vraiment vouloir le trouver. Parce que "St.Anger est à chier, c'est pas du Metallica, ça sert à rien, tu perds ton temps", ou encore "Metallica, à part Kill 'Em All, ils ont rien fait de novateur". Donc j'ai pas vraiment cherché à comprendre ce documentaire pendant un bout de temps. Quand j'ai vraiment voulu le trouver, j'ai été incapable de mettre la main dessus. Et je suis passé à autre chose. Genre jusqu'au mois de mars, environ. Encore une fois, incapable de le trouver. Trouvé la semaine dernière.
Pour résumer, ce documentaire est le point départ de mon histoire avec Metallica. Ce documentaire représente le groupe au tournant de sa carrière, le seul qu'ils ne doivent pas foirer parce que sinon, ils passent par dessus bord. Tous les trois. J'ai pu mettre en exergue ce documentaire en le comparant avec "Que Justice soit faite", la biographie écrite par Joel McIver. Il est clair que Metallica a toujours été dirigé par James et Lars, alors que Jason et Kirk n'avaient pas leur mot à dire. On retrouve cet aspect dans le docu, quand Kirk dit d'un ton acerbe et méchamment ironique "Mais ça fait 15 ans qu'on ne m'écoute pas". Ce n'est plus seulement un enjeu financier pour Metallica, c'est carrément devenu un enjeu de survie. S'ils ne passent pas cette épreuve, le groupe sera détruit. Et c'est d'ailleurs ce qui effraye Lars et Kirk quand James rentre en désintox. Le fait qu'il désirerait quitter le groupe pour se consacrer à sa famille.
La famille. Ce documentaire repose dessus. Metallica est une famille. Chaque membre a sa famille. Ils ont des gosses. On voit James Hetfield aller chercher sa fille à la danse. Le biker parmi les mamans en tailleur et talons hauts. Ça jure, bordel. Et c'est ça qui est jouissif. On voit aussi le fils de Lars Ulrich jouer de la batterie. Bon, il a trois ans. Mais ça reste quand même énorme ! Et évidemment, comme Metallica est une famille, tous ses membres sont plus ou moins en conflit permanent. Lars et James sont toujours à la recherche du leadership; Kirk essaie de temporiser les choses, de calmer le jeu. Des fois, les situations deviennent vraiment tendues. Comme quand James se barre en claquant la porte avant de partir en désintox, ou quand Lars gueule à James "FUCK YOU".
Le processus de création de l'album était certainement au centre des attentes du réalisateur. Cependant, cela a très vite été éclipsé par les histoires internes au groupe. Cependant, ça reste toujours en périphérie, parce que, d'une façon comme une autre, c'est imbriqué. Les relations sont au coeur de St.Anger. Elles sont le ciment et le composant principal de l'album. C'est pour ça que j'aime cet album. C'est pour ça que plus je l'écoute, moins je comprends les critiques haineuses qui se contentent de "C'est pas Metallica" ou encore "Y'a pas de solos". L'arrivée de Trujillo change radicalement la façon d'être des membres. On sent une vraie force collective, on les sent soudés (quand James s'explique avec le médiateur et pourquoi ils veulent qu'il arrête de les suivre, ou encore, quasiment à la fin, quand vient l'heure de signer les contrats et que Lars s'indigne que Rob ne soit considéré qu'à 5% des voix).
Ce film est le journal intime de Metallica pendant quasiment 3 ans. Un journal intime qui s'interroge sur les rapports humains, sur la façon dont on gère sa peine, sa tristesse, sa colère. Ce film est aussi, en quelque sorte, une preuve d'amour du groupe à ses fans : "on s'ouvre à vous pour que vous nous voyez tels que nous sommes maintenant. Pour vous, on va changer". Je laisse le mot de la fin à Kirk "C'est une profession de foi".