Le film démarre sur une sorte de banalité, de rebondissements attendus, le tout entouré dans des dialogues très habituels de Smith.
Puis, vers le milieu, quand, spoiler (personne l'avait vu venir), Ben Affleck pécho Amy. A ce moment, il se déroule quelque chose, une étincelle, une lumière se déroule dans le délicieux regard de Joey Lauren Adams, véritable lueur du film. Je dois dire que le monolithe Ben joue ici plutôt bien, je crois que je ne l'ai jamais trouvé autant convaincant auparavant.
Chasing Amy (car oui ce titre est bien plus cool je trouve) est une affaire de sentiments, de tourbillons d'émotions et c'est ce que chaque oeuvre, chaque film devrait être en mesure de nous faire ressentir. La simplicité et la complicité, entre les acteurs, le réalisateur, etc...L'alchimie.
Ce qui, je crois, m'a le plus étonné lors du visionnage, est la finesse des dialogues, et la justesse qui en découle. Amoureux du sincère à l'écran et de l'authentique, vous serez servi. Le jeune Smith, agé encore de seulement 26 ans et déjà derrière son troisième film, fait ici preuve d'une maturité inattendue et profondément touchante, malgré l'humour un peu "gamin" habituel, qu'on retrouve dans ses deux premières pellicules. Je pense à cette scène de dispute nocturne dans la bagnole de Mr Affleck, d'une grâce réelle. La question que je me pose encore maintenant, quelques semaines après le visionnage est la suivante : ai-je été époustouflé, impressionné par cette séquence car le film ne décollait pas réellement avant, et qu'une rupture s'opérait lentement mais surement, ou étais-je face à un des plus beaux ultimatum du cinéma ? En effet, qui n'a jamais été dans la friendzone, qui n'est jamais tombé amoureux(se) d'un.e ami.e ? Qui peut prédire quand la douce brise sentimentale (parfois c'est plutôt un tsunami) va nous percuter ? C'est tout ce dont le film parle, à travers ces bavardages incessants. Les multiples méprises, les envies qui deviennent désir, les désirs qui s'éteignent dans l'ombre et qui alimentent les prochaines envies. Le cycle perpétuel, le changement, les vents nouveaux. La vie avance, et qu'on le veuille ou non, ne cesse jamais d'avancer. Ces phrases stéréotypées, ces clichés cinématographiques de comédies dramatiques/romantiques ne seront jamais assez réitérés.
C'est pourquoi les douceurs comme Chasing Amy font du bien. La mélancolie se nourrit aussi de belles choses, et la nostalgie n'est pas un fardeau empêchant la brèche du futur. C'est le souvenir qu'on se remémore pour avancer, pour se rappeler qu'il y a eu tant de bons moments, et qu'il nous est permis de revivre les mêmes instants, avec la même joie.
Et ça, Ben Affleck l'a compris, dans un final sublime, tout en effacement, tout en acceptation, tout en douceur. Le meilleur est avenir.