Harvest
8.2
Harvest

Album de Neil Young (1972)

Neil Young est un auteur-compositeur qu'on ne présente plus, célèbre au Canada, aux E.U comme en Europe, et ayant vendu un nombre de disques potentiellement pharamineux, sa carrière se vit réellement démarrée avec cet album. Déjà connu auparavant par deux albums avec le quintet Buffalo Springfield, point de départ de Stills de CSN, Superband de la folk californienne à harmonies vocales, et Richie Furay, futur "leader" et co-fondateur avec Jim Messina de Poco, groupe de l'autre tendance californienne de l'époque, la country rock. Néanmoins, malgré le succès avec le célèbre For What it's Worth et le single de Young, Mr Soul, le public n'est encore pas assez réactif puisque son premier album est un échec. Ne jetant pas l'éponge pour autant, il renchérit avec Everybody Knows this is Nowhere (encore meilleur que celui-ci, à mon humble avis) et After the Gold Rush, le succès est cet fois au rendez vous et il rejoint le trio CSN pour former un quatuor bref mais magistral, Crosby, Stills, Nash & Young, les quatre pierres angulaires de l'épiphanie californienne en ce début de 70's.


Everybody Knows est un chef d'oeuvre et un must have, se baladant entre country rock mâtiné d'un soleil inépuisable (le morceau éponyme), un rock n'roll qu'on pourrait qualifier de "grunge" (Neil Young en est un des concepteurs originels) avec Cinnamon Girl, des morceaux interminables folk et électrisants (Down by the River et Cowgirl in the Sand) et la ballade mélancolique et baroque, avec violoncelle, Running Dry, soutenu du sous-titre "Requiem for the Rockets", l'appellation "requiem" faisant probablement référence au coté classique, car on pensera au "Requiem" de Mozart, et celle de Rockets est une référence au premier groupe du Loner, groupe de surf rock canadien, rien qu'ça)


After the Gold Rush, est une ode à une Amérique plus rurale, mais avant tout une réflexion sur le conservatisme, avec des paroles plutôt conscientes sur la situation actuelle et pleines de grâce.
Le morceau titre, une complainte sur l'après Ruée vers l'Or, métaphore bien évidemment, d'une Amérique des délaissés. Une reprise de Oh Lonesome Me, plus intense que jamais, poignante et effarante et l'électrifiant "Southern Man" plus proche des morceaux de l'album précédent.


Harvest est l'évanescence, l'ascension de sa carrière. Je pourrais m'étendre aussi sur Zuma, Hitchhiker, ou des albums du retour en force, comme Harvest Moon, son Unplugged et Silver & Gold, mais aucun d'eux n'a atteint le succès de ce premier LP. Des guitares lancinantes, passent à des guitares languissantes. La brume se désépaissit pour laisser brûler le soleil sur le blé, et les champs brillent à la lumière du lever de soleil matinal (oui j'aime faire dans le pléonasme). Harvest c'est la poésie du renouveau, l'arrivée du Printemps, le départ de l’Été, et la mélancolie d'un pays en changement entre urbanisme et ruralité prégnante. Neil Young, plutôt un protest singer, ici pose de coté la hargne et devient réellement une part et un "faire-valoir" du courant singer-songwriter, avec Gram Parsons, Joni Mitchell, Jackson Browne, Dan Fogelberg, Jim Croce ou encore John Denver. Les paroles dansent autour de mélodies douces, et s'accordent sur une ligne musicale finement poétique. Si Harvest fût un succès immense, c'est probablement pour son accessibilité et ses mélodies simples et touchantes, qui touchera justement n'importe qui saura être réceptif à sa brillance. Composé comme une odyssée romanesque dans le monde de la moisson et des campagnes américaines, Harvest est un album de la maturité et du succès pour Young. Celui-ci, alors âgé d'un quart de siècle, ayant quitté l'adolescence et l'époque phare des hippies de la côte ouest, se questionne quand à l'avenir du monde l'entourant et entame une introspection de sa personnalité.
1-"OUT ON THE WEEKEND" ouvre le bal, country rock avec harmonica , pedal steel (?) et voix calme et apaisante du Loner, explorant rigoureusement les hauts et les bas de l'amour. Premier morceau fabuleux, probablement celui que j'ai le plus écouté avec Harvest.
2-"HARVEST", second morceau d'où se dégage une nostalgie nous empoignant, dans la même veine country rock, mélodie douce, tempo modéré/lent.
3-"A MAN NEEDS A MAID", orchestre symphonique, accompagné du fidèle à Young Jack Nitzsche, grand pianiste et musicien de studio des années 70s qui a travaillé avec à peu près toute la scène singer songwriter de fin 60 à début 80.
4-"HEART OF GOLD" avec les chœurs angéliques de Taylor et Ronstadt, le morceau le plus proche du style soft rock encore à ses débuts en 1972, mais la pedal steel vient nous rappeler l'ambiance rurale et les chaleurs de l'été Californien.


Et puis pour le reste je ne m'attarderai pas autant, allez écouter Harvest un point c'est tout. Si vous le connaissez déjà par cœur, ne flanchez pas et réécoutez le éternellement, peu importe l'humeur ou vos occupations, munissez vous toujours ( cd, vinyle, plateforme de Stream, téléchargement illégal) de cette pièce maitresse du rock des 70s.

PaulClair
9
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le 7 juin 2019

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