Beaucoup d'émotions parcourent Memory Box, construit à partir de deux temporalités : en 2019 à Montréal et plus de trente ans plus tôt, à Beyrouth, en pleine guerre. Des regards de filles et de mères, avec une transmission difficile car synonyme de cicatrices liées à des souvenirs enfouis mais douloureux comme un membre amputé. Un peu victime de sa densité émotionnelle et de sa profusion d'images, le film est cependant une œuvre plus qu'estimable, d'autant qu'elle touche à l'intime de ses deux réalisateurs, aidés par la fiction pour transfigurer la mémoire. Dans ce va et vient presque permanent entre le présent et le passé, avec son héroïne adolescente puis mère, Memory Box apparait parfois surchargé et peut-être pesant dans un mélange de sentiments où la fougue et l'insouciance de la jeunesse butent sur la dure réalité de combats aveugles et vains, soit en somme le dramatique destin du Liban depuis son indépendance, y compris après le tournage. Les inventions visuelles du film et son interprétation, principalement féminine, hyper sensible, compensent largement le trop plein ressenti parfois. Sans oublier l'essentiel, la sincérité d'une œuvre qui, au même titre que Liban 1982, sorti il y a quelques mois, rappelle le double visage de ce pays attachant : ses drames en cascade et l'appétit de vie et de jouissance de son peuple jamais abattu.

Cinephile-doux
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le 19 janv. 2022

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