Avec Medellín, Franck Gastambide réalise son pire long métrage : loin d’interroger la fascination exercée par le microcosme des narcotrafiquants colombiens sur un public ciblé, ici les habitants des cités françaises, son film se complaît dans les clichés et la violence, atteignant son paroxysme lorsque la bande d’amis rencontre Mike Tyson reconvertit en papy Rambo qui leur apprend à tirer, donnant lieu à une séquence rock sur fond de drapeau américain. La bannière étoilée sert ainsi de garde-fou, aimerait conjurer le culte des armes montré à l’écran en l’attribuant à une culture définie ; il n’en est rien, et c’est tout un film qui se vautre dans la facilité et les stéréotypes rendus cool et ainsi réactualisés. Les séquences de course-poursuite, par souci de véracité, multiplient les angles et les supports de captation : drone, GoPro, caméra à l’épaule ou embarquée sur un véhicule léger. Si seulement le montage ne venait pas détruire ce travail ! épileptique à souhait, ce dernier charcute ses plans et occasionne un saut de puce incessant entre les points de vue, rendant l’ensemble illisible et brouillon.
Quelques blagues çà et là rappellent la maîtrise des Kaïra (2012), meilleur film d’un réalisateur à qui il faudrait rappeler que la mise en scène du dérèglement exige la plus grande rigueur.