Oui, un film d'époque et en costume avec Russell Crowe peut être bon.
Voir très bon.

Je pense que la clef d'entrée principale dans ce film assez unique en son genre (et je vais expliquer en quoi juste après) tient en une chose assez simple: avoir (ENFIN, BORDEL !) l'occasion de voir, sentir, palper ce qu'ont put être les conditions de vie à bord d'un bateau militaire au XVIIIeme ou XIX siècle (cela n'a pas du tant changer entre les deux), sentir le frisson de l'aventure maritime sans que l'ensemble ne soit desservi par un scénario bancal, sans qu'il soit entâché par des dialogues surannés écrits au milieu de siècle dernier, ou sans qu'il soit gâché par un jeu d'acteur ampoulé et guindé.

Le reste, s'il est juste et important, n'a finalement que moins d'importance.

Oui, on peut estimer que l'histoire est justement bonne parce qu'elle n'est pas otage de cinquante mille rebondissements artificiels. Cette force pour certain est donc une faiblesse pour d'autres: je vois une histoire d'autant plus intense qu'elle est vraisemblable là ou d'autres n'y verront que scènes longuettes et ennui patent (et oui, ça manque de poursuite en bagnole avec Yamakazi fous, je l'accorde...)
Oui, on peut trouver la coexistence entre le capitaine Jack Aubrey et le docteur Stephen Maturin intense, réaliste elle aussi, entre l'homme de devoir et l'homme de science sans que cela n'aille à un clash prévisible si ce film avait été tout juste moyen, mais tout au contraire cette relation se révèle riche et complexe.
Oui, les scènes de bataille sont magnifiques, tant visuellement qu'émotionnellement et participent la réussite globale de l'ensemble.

Oui tout ceci est mille fois vrai, mais n'en demeure pas moins presque anecdotique par rapport à mon point de départ: ce qui fait de "Master and Commander" un grand film, c'est cette merveille de reconstitution d'un lieu (l'océan) et d'une époque fascinante, on entend craquer le bois, on sent la poudre, on partage le sommeil agité et alcoolisé des marins. Et le caractère unique de ce film tient précisément en ceci: un film réaliste sur des vaisseaux (militaires, en l'occurrence) en mer (dans sa reconstitution mais aussi dans la trame de son récit, sa description des hommes et des caractères) ne court pas les rues. Les océans encore moins.

Forcément, quand on est sujet au mal de mer, on embarque pas dans une telle aventure...!

Créée

le 4 mars 2011

Critique lue 3.5K fois

77 j'aime

5 commentaires

guyness

Écrit par

Critique lue 3.5K fois

77
5

D'autres avis sur Master and Commander - De l'autre côté du monde

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

314 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

296 j'aime

141