Presque bien

Avant de commencer, je dirais que je suis allé voir Mascarade car j'aime l'esthétisme des films de Bedos. L'image y est souvent belle et romantique. Il y a un très joli travail de photographie.

Sur ce point là, je ne suis évidemment pas déçu, mais pas non plus totalement boulversé.

Cette sensation est à l'image du film en général.

IL y a du beau, du faste, des rebondissments. Une belle recette pour en faire un film trucculent. Tout était au rendez-vous, spécialement les acteurs, qui sont magistraux. Il n'y a rien à dire sur ce point là, j'y reviendrais plus tard.

Seulement, quelque chose bloque. Comme si l'on s'engageait dans une belle avenue qui s'avérait être en fait une impasse. On reste sur notre faim. Et en même, l'on souhaiterait que le film s'arrête avant. Je crois que cela est dû au scénario. Sa structure est plutôt simple, mais on peut vite avoir la sensation que Bedos la complique, la rend alambiquée, pour rien. Ou que des scènes et des moments d'histoires y sont rajoutés pour combler un vide déjà trop rempli. Comme cette scène ou Pierre Niney (Adrien) s'en va draguer, lourdement, Emmanuelle Devos (Carole), la femme de Simon dans le film, et finalement avoir une relation courte et inutile avec elle. Ça n'apporte rien au film. Je pense que Bedos a ici voulu casser avec l'image vue et revue du mari qui part avec une fille de 25 ans de moins et sa femme qui subit, trop vieille, plus désirable. Il lui laisse l'espace pour vivre son aventure avec ce jeune et beau garçon. Comme pour s'excuser ou se persuader, que la femme n'est pas sous-estimée dans son film.

Justement, je crois que le problème du film se situe ici, Nicolas Bedos semble s'excuser, se dédouaner et ne prend pas assez parti. Comme ci il s'attaquait ici à un milieu que lui même connaissait bien, trop bien, et qu'il avait peur des conséquences de son film. Il ose, mais pas trop. Il tente vainement de se rattraper sur des images fortes, comme pour auto-proclamer son irrévérence. A l'image de la première scène entre Niney et Marine Vacht dans la voiture. Forte mais inutile.

Si le film se voulait comme un balade chez les riches de la riviera, une immersion dans ce monde secret et fantasmé, entre le fascinant et l'onirique, Bedos aurait pu plus s'amuser. Seulement, c'est un thriller, une course poursuite, une grande arnaque, une mascarade... et ça ne marche pas, enfin un peu mais pas assez.

Mais s'il faut bien saluer quelque chose, ce sont les acteur ! Rien à dire, un sans faute ! Quelle distribution, et quelle maîtrise !

Adjani est superbement folle, névrosée et perturbée. Elle incarne parfaitement les déboires d'un monde déconnecté de la réalité. De l'ancienne gloire renvoyée au simple rang de femme en déclin.

Niney, sans être non plus exceptionnel, est bon et juste. il devient touchant lorsqu'on sent son personnage dépassé. Pris dans une spirale qu'il ne maîtrise plus. Il fait face, en mondain par mimétisme. Il prend de l'allure pendant le film tout en gardant une forme de fébrilité, d'abord car il débarque dans un monde qu'il ne maîtrise pas, puis par amour pour Margot.

Margot, venons-en. Incarnée par Marine Vacht. Elle est superbe ! Folle et belle. Sur une corde en permanence. Elle vous embarque dans sa frénésie, sa mythomanie. Même le spectateur ne s'y retrouve plus, mais lui pardonne tout, trop con comme Adrien et Simon.

Quel charme. Quelle justesse dans le jeu. Elle se fuit, prend des détours, se joue des hommes et d'elle même. Mais sa force, c'est le culot, l'envie et la folie. A aucun moment on ne sait si elle a aimé Adrien, vraiment, ou si elle avait tout prémédité. Et alors qu'on pensait qu'elle se jouait de Simon, voilà qu'on arrive à se poser la question de si finalement elle ne l'aimait pas un peu, pour de vrai. Elle nous mène en bateau. C'est elle qui porte le film.

Mention spéciale pour Cluzet, qui joue Simon. Impeccable. Du grand François Cluzet.

Idem pour Emmanuelle Devos et Laura Morante. Rien à dire.