Adapté de « Maria Stuart », roman biographique très documenté et historiquement très précis de Stefan Zweig, « Mary, Queen of Scots » de Thomas Imbach frappe d’emblée par son austérité (surtout au vu de l’affiche française, limite mensongère). Le destin de cette reine exceptionnelle (Reine d’Ecosse, de France et prétendante légitime au trône d’Angleterre) prenait la forme d’une tragédie chez Zweig, qui explorait toute la complexité, zones d’ombre comprises, de ce personnage inclassable et souvent déroutant. Faute de moyens (des manoirs en guise de château, les dix sept figurants réduisent la petite armée de Boswell à une équipe de basket, la taille en moins), la réalisation offre une image minimaliste dont tout côté flamboyant est exclu, contrairement aux autres moutures portées à l’écran par Ford en 1936, Charles Jarrot en 1971, Josie Rourke en 2018. Pourquoi pas, car le livre très centré sur Mary Stuart permettait cette approche. Malheureusement, par absence de passion (d’engagement ?) le réalisateur offre un portrait qui est une trahison du roman, perdant son aspect tragique au profit d’un drame sentimental. Et cela même si, fidèle au déroulé du récit, le film décrit bien à quel point elle fut une reine dont la grandeur fut tirée vers le bas par des faiblesses inacceptables vis à vis de sa charge : le choix de son époux, la relation avec Boswell, les lettres à Elizabeth 1ère aux contenus inconstants, la volonté de vouloir imposer un rêve en faisant abstraction de la réalité religieuse, etc... Même si Camille Rutherford a enfin l’âge du rôle (23 ans) et, comme Vanessa Redgrave en 1971, la taille de la reine (1,80 mètres, une géante pour l’époque), elle représente davantage une midinette perdue dans des rêves pétris de bons sentiments, ceux qui selon Dante, pavent le chemin de l’enfer, ne parvenant que trop peu à convaincre de la grandeur du personnage, la charge apparaissant ainsi trop large pour ses épaules. Ce pensum glacial, minimaliste et emprunt de modernité, se regarde sans passion et parfois même sans intérêt, malgré l’énergie de Camille Rutherford et la subtilité que Mehdi Dehbi (seul acteur masculin au niveau) apporte au conseiller Riccio. Si le réalisateur pour l’essentiel reste fidèle au déroulé du livre, il rend une copie lisse, dont les rares aspérités tiennent davantage d’un roman de gare que de l’oeuvre passionnée et passionnante du grand Stefan Zweig. Pour les amateurs de curiosité, le mini rôle d’Henri II est tenu par Stephan Eicher.

Ronny1
4
Écrit par

Créée

le 29 janv. 2022

Critique lue 126 fois

Ronny1

Écrit par

Critique lue 126 fois

D'autres avis sur Mary Reine d’Écosse

Mary Reine d’Écosse
YgorParizel
7

Critique de Mary Reine d’Écosse par Ygor Parizel

Ce film historique revient sur la vie tumultueuse de la reine Marie Stuart, le cinéaste joue le réalisme. Une cinématographie terne avec des lieux de tournages austères et oppresants, une musique...

le 13 mars 2016

1 j'aime

Mary Reine d’Écosse
Ronny1
4

Congelé

Adapté de « Maria Stuart », roman biographique très documenté et historiquement très précis de Stefan Zweig, « Mary, Queen of Scots » de Thomas Imbach frappe d’emblée par son austérité (surtout au vu...

le 29 janv. 2022

Du même critique

La Mort en ce jardin
Ronny1
6

Simone Signoret et la jungle

Dans « La mort en ce jardin » les amateurs de Buñuel retrouveront le sexe et la mort, la dictature avec la compromission de l’église, mais qui furent traités avec plus de profondeur dans les...

le 5 mai 2021

4 j'aime

Cela s'appelle l'aurore
Ronny1
7

Elle s'appelle Lucia

A la première vision « Cela s’appelle l’aurore » surprend les fans de Luis Buñuel par son académisme. Les ruelles de la ville (Bastia ?) une utilisation très contrastée du noir et blanc et une...

le 4 mai 2021

4 j'aime

1

Pour la sauver
Ronny1
7

Début chez la Fox

« Just Pal » (Pour la sauver) est le premier film que John Ford réalisa pour la Fox, son contrat de trente cinq films (dont neuf courts métrages) pour la Universal ayant prit fin. Malgré son jeune...

le 18 janv. 2023

3 j'aime