La sortie d'un nouveau Cronenberg, c'est toujours quelque chose d'excitant. Surtout quand Julianne Moore se tape le prix d'interprétation pour son rôle.

Ce qui me plaît le plus chez lui, c'est sa manière de cogner dans le tas des sujets sulfureux, très souvent sexuels. Mais il le fait à sa sauce, soit en trouvant refuge dans le fantastique, soit en travaillant ses images avec soin pour forcer à son paroxysme le réalisme de la vie. C'est ce qu'il semble faire depuis des années.

Il ne cesse de me questionner à chaque film. Je ne savais pas du tout comment me placer par rapport à Cosmopolis, avec sa froideur, sa lenteur... Il suit ce chemin avec Maps to the stars. On retrouve encore Robert Pattinson, dans une limousine, pour qui j'ai définitivement un poil d'affection ; puis un casting étonnant regroupant John Cusack (dont je ne peux oublier la performance dans « 2012 »), la magnifique Julianne Moore et Alice au pays des merveilles cramée. Et un ptit con de 13 ans camé.

Ça parle d'Hollywood, du star-system qui monte à la tête, et tout le reste, dans ses moindres clichés. Mais là encore ça tape dedans. John Cusack fait fortune avec des bouquins de développement personnel et prêche la bonne parole sur des écrans comme dans un bon Verhoeven. Son fils, le p'tit con de 13ans, star de cinéma, sort de désintox. Julianne Moore rêve de jouer le rôle de sa mère dans un remake du film dans lequel elle a été multi-récompensée. Sous médocs, elle a des visions, enfance difficile...

Ça tourne (encore plus) mal quand Alice se pointe à Hollywoodland.

C'est dérangeant un minimum, parfois potache et cédant à la facilité, mais le réal pose ses personnages et son histoire à son rythme habituel et finalement on se laisse hypnotiser par l'ensemble, aidé par le fidèle Howard Shore, qui sort encore une BO en adéquation parfaite avec l'imagerie de Cronenberg.

Perdu à la fois dans la folie de Moore, la sympathie de Pattinson, la froideur de Cusack (surprenant ce type) et la candeur de Wasikowska réunis dans la perfection des intérieurs hollywoodiens, frôlant des décors de science-fiction (avec Carrie Fisher en prime).

A la sortie, un bon Cronenberg dans la juste lignée de son Cosmopolis : troublant, visionnaire, onirique... Pas assez de mots pour décrire une manière de mettre en image la faiblesse humaine et les bas instincts de l'espèce.
Imphyman
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le 31 mai 2014

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