Lorsque je suis allée au cinéma voir cette nouvelle itération de mon super héros préféré (sentez-vous le "faut pas me pourrir mon Sups" sous-jacent?), j'étais optimiste et même favorable, même avec Nolan et Goyer à la barre.
Le casting était alléchant, Snyder avait fournit jusque là des films qui m'avaient plus (sans me bouleverser quand même).
Et
Quelle déception que ce Man of Steel!!!
Déception est d'ailleurs un faible mot, je suis sortie de la salle écumante de rage car le film crachait carrément à la gueule de Superman, de son histoire, de son symbole, de son tout.
Pourquoi tant de dépression? Pourquoi assombrir un personnage dont l'origine même de la force EST le soleil! Pourquoi vouloir en faire Batman! (D'ailleurs la sombritude de Batman peut être sujette à caution! Il sera clair un peu, plus tard, que ce que voulait Snyder, c'était faire un Batman modèle sombre et dépressif, d'ailleurs).
J'ai bien conscience que les temps ont changé et qu'il faut moderniser des personnages dont les origines remontent au début du XXème siècle. Mais cette modernisation a déjà eu lieu dans les comics. Sans pour autant dénaturer Superman, son personnage a évolué mais il a gardé son intégrité scénaristique : l'espoir, la bonté, le souci de l'autre.
Et ici, tout est foulé au pied, méticuleusement et ce dès le début avec Papa Kent qui lui dit LITTERALEMENT qu'il aurait dû laisser mourir un bus de gosses pour se protéger!
Le mec a rien compris ou c'est moi?
Et tout le reste s'enchaine à l'avenant avec Clark qui tire la gueule dans les coins, aux 4 coins du globe même, en sauvant les gens au hasard, sans discrétion, à tel point qu'il attire l'attention d'une journaliste d'investigation, Lois Lane. Et le temps d'un montage, elle découvre son identité et voilà! Le plus grand atout charme de l'histoire est évacué. Je sais que toute cette histoire de lunettes n'est pas crédible (n'empêche qu'il finira bien par devoir les porter) et que le jeu du chat et de la souris entre Clark/Superman et Lois est vieux jeu, mais c'est pour ça que c'est bien. Cela apporte un peu d'humour. Ce n'est cependant pas rédhibitoire pour le film, c'est juste trop rapide et la relation est très vide.


Donc, il doit être un Batman, sombre et torturé. Il doit avoir un nouveau passé traumatique, (parce qu'être le dernier survivant de son espèce et différent de tous, c'est pas suffisant apparemment).
Son père meurt bêtement dans une tornade (une crise cardiaque c'est moins cinématographique? moins traumatique?), pour sauver un chien. A mon avis, la mort originelle par crise cardiaque est beaucoup plus traumatisante. En effet, malgré ses pouvoirs, il ne peut sauver son père d'un problème médical comme celui-ci alors qu'il a les moyens physiques de le sauver d'une tornade sauf que ce Superman laisse mourir les gens. Certes Papa Kent lui a appris à penser à lui avant les autres donc c'est cohérent (et le père protège le fils, ok) mais je dis non. Ce n'est pas un traumatisme, c'est un remords!


Moralité, on peut donc sauver les chiens mais on laisse crever les humains.
Sups retiendra la leçon de son père et l'appliquera à la lettre dans la seconde partie du film où, à part sauver sa mère et sa petite amie (parce que bon, il faut bien sauver quelqu'un), il laissera mourir les habitants de Smallville et de Métropolis, participant activement à la destruction des 2 villes avec enthousiasme et application. Ce n'est pas le premier Superman à se prendre un immeuble dans la tronche, mais c'est bien le premier qui ne s'inquiète absolument pas des gens qui sont à l'intérieur ou dessous. Et franchement, je suis plutôt d'accord avec Bruce Wayne sur ce coup là. Superman n'a pas défendu Métropolis, il en a fait son arène de combat.


Et pourtant le personnage est présenté comme le parangon de l'espoir, un sur-humain parfait, mais rien de ce qu'il fait n'est une source d'inspiration ou d'espoir. Il laisse mourir son père, il sauve bien quelques gars en mer du nord, par hasard, il se cache, il punit sauvagement les gros connards (je suis pour le lattage de tronche de gros beauf qui agressent les femmes mais il est Superman, il ne punit pas, IL N'EST PAS BATMAN - encore une fois le Batman récent), il ne tente à aucun moment de déplacer le combat avec Zod pour préserver la ville, il le tue !!!!!! Et encore, c'est la seule chose que je ne reprocherai pas à ce Superman. Ca ne me gène pas qu'il tue Zod, il en éprouve une grande douleur, c'est un développement de caractère, c'est une leçon. Mais celle-ci aurait été valable et pleine de sens s'il ne s'était pas battu les flancs des humains présents depuis le début!
On dirait la fin de "Seven" quand le tueur gagne et complète le cycle.
Mais le héros de "Seven" a fait la preuve de ces forces et faiblesses! On sait pourquoi il fait ce choix à contre coeur, en sachant qu'il perd mais qu'il ne peut pas s'en empêcher.
Ici, le choix de Superman est déchirant parce que le spectateur est humain et a, normalement, de l'empathie mais le film ne donne aucune valeur à ce choix par ce qu'il a construit avant ce moment.
Il tue un frère, un survivant de son monde, la preuve qu'il peut ne pas être seul (c'est important) pour sauver des humains, d'accord, mais des humains parmi lesquels il ne vit pas pour le moment et qu'il a laissés crever jusqu'à présent. Pourquoi? Parce qu'il est Superman? Ce Superman n'a montré aucune compassion, aucune attention et au contraire il traite les humains en enfants, il se prend pour un Dieu. Ce n'est pas un héros ça, c'est un dictateur en gestation!
Quand on rajoute cette sous intrigue supplémentaire de codex génétique, ça rajoute un petit relent d'eugénisme assez crasseux en plus!
Bref, ce n'est pas Superman.
ET ce personnage si sombre et peu sympathique reviendra face à Batman, donnant un film au relief inexistant puisqu'ils sont les mêmes.


J'ai néanmoins un petit bémol à apporter à cette première impression suite au visionnage de Justice League et la compréhension que j'en aie tirée de la théorie héroïque de Snyder.


Avec cette idée en tête, le film se tient un peu mieux mais Superman n'en est pas plus attachant.
En effet, son schéma de cheminement du héros est déformé par le concept qu'à Snyder d'un superhéros. Pour faire court, pour lui, un superhéros est un sur-homme qui lutte contre son instinct de ne pas faire le mal (je vous renvoie à ma critique de la Snyder's cut de Justice League si vous êtes intéressés).
Mais cette nouvelle compréhension de la vision de Snyder ne sauve pas le film pour moi.
Son personnage principal est monolithique et méprisant et je n'arrive pas à croire que je vois Superman à l'écran. Il est tellement froid qu'on ne comprend pas l'engouement qu'il provoque dans l'histoire. Certes, il est canon et au vu de certaines idoles modernes, ou pas, c'est largement suffisant, mais il est tellement écrit pour être Batman qu'il n'est pas logique que les gens l'idolâtrent. Il n'est Superman que parce que le titre le dit.


Et au final, c'est mon plus grand problème avec cette version. Passé la colère des premiers temps et après revisionnage avec une compréhension plus importante que ce que le réal cherche, le film en lui même ne se tient pas quand même.
Le scénario se repose sur ce que l'on sait et attend de Superman mais en le dénaturant (à tort ou a raison) et les enchainements logiques ne se font pas.
Il est trop absent du monde pour être humain, il est trop froid pour être source d'espoir, il est trop loin pour voir les humains. Il peut être torturé et sombre mais il doit être au niveau du sol dans sa vie de tous le jours. Il peut se poser des questions sur sa raison d'être (d'ailleurs il l'a toujours fait) mais les réponses doivent être organiques et pas réfléchies, à mon avis.
Si un super-héros est un héros naturel, c'est bien Superman. Mais si on veut lui donner un arc décisionnel, il ne faut pas se reposer sur les mécanismes naturels qui lui sont attachés.
Le casting dans son entier est bon, rien à redire. Je suis peu fan de la refonte du personnage de Jor El et cette histoire de vaisseau n'est vraiment pas logique.
Martha Kent aussi est rendue antipathique dans sa réécriture plus sombre. Seule Lois Lane tire son épingle du jeu malgré son intégration au forceps dans la seconde partie du film.


Le film souhaite suivre les sentiers habituels d'une historie de Superman mais en changeant les personnages et ça ne marche pas.


Au final, le film n'est pas meilleur que dans mon souvenir, pour d'autres raisons, moins sanguines mais tout aussi profondes.

Anilegna

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