Depardieu et le fantôme de Maigret

C’est presque un anachronisme que de voir porté à l’écran en 2022 une enquête du commissaire Maigret, ce personnage de Simenon qui n’avait pas fait d’apparition au cinéma depuis 1963, incarné à l’époque par Jean Gabin pour deux film : Maigret tend un piège en 1958 et Maigret voit rouge en 1963. C’est plutôt à la télé que l’inspecteur est devenu un incontournable des après-midis de nos ainés avec, dans les années 70 et 80, Jean Richard pour incarner Maigret dans un Paris contemporain, plein de grands travaux, et plus tard Bruno Cremer , lui dans un décor d’époque.

Patrice Leconte, qui aime faire des coups de cinéma (il a filmé Delon et Belmondo, Johnny Hallyday et Vanessa Paradis), décide, lui, de mettre Gérard Depardieu dans la peau du commissaire dans une enquête, il faut le dire, bien un peu palpitante. Etonnant d’ailleurs que son choix se porté sur ce roman dont et l’intrigue est bien maigre… à l’inversé de Maigret
Quant à notre Gégé national, on est également assez déçu par son non jeu (ça m’avait déjà frappé dans “Des hommes” Lucas Belvaux), laissant l’impression d’être complètement ailleurs, loin de son personnage, sans réelle émotion, parlant, marchant avec difficulté dans la peau d’un Maigret pas très en forme, qui n’a jamais semblé aussi proche de la retraite.

On appréciera les quelques clins d’œil à Depardieu, qui fait dire notamment à son personnage Quand je commence une enquête au blanc je la termine au blanc… Sans doute une phrase qu’il a peut-être dit un jour lors d’un tournage du style quand je commence un film ou blanc je le termine au blanc.
Tout ça pour dire que derrière cette histoire un peu vieillotte, cette réalisation austère, cette lumière sombre, le film captive bien peu et fera sans doute piquer du nez les spectateurs qui iront voir le film à l’heure de la sieste.