Depardieu est vraiment à l'aise en Maigret (il a l'attitude pantouflarde, "bovine" comme disait Simenon, de l'inspecteur, et ce n'est pas à l'acteur de Cyrano que l'on apprendra à déclamer son texte de façon si vivante... Un vrai bon choix de casting), mais l'enquête est peu palpitante (dont la résolution déçoit carrément) et la réalisation apocalyptique : que c'est mal filmé ! Pourquoi mettre tous ces zooms consécutifs lors des plans fixes ? Ou les va-et-vient (sans coupure champ / contre-champ) de caméra lors des dialogues ? On ne remarque que cela, et on se demande alors ce qu'essaye de faire le caméraman, ou si Patrice Leconte n'aurait pas abusé des télénovelas récemment... Heureusement que le film ne dure qu'une heure trente, car lorsque l'on comprend que l'enquête entière tournera autour de trois suspects (tous de la même famille), on commence à trouver le temps long, et ce n'est pas la résolution aussi impressionnante qu'un pétard miniature qui va nous réveiller avant la fin. D'autres effets de caméra nous surprennent, pas forcément dans le bon sens (on se demande ce que cela fait là), ne serait-ce que la dernière image de
Maigret qui s'évapore en pleine rue ("... et l'inspecteur disparu dans la nuit. FIN.", cela sonne bien dans un roman, mais voir Depardieu en fondu transparent en plein jour
, on n'est pas trop sûr de l'effet stylistique, au pire cela fait très ringard). Maigret est donc une petite déception, pas totale grâce au charisme de Depardieu et à son phrasé toujours intact (qui en font un parfait inspecteur "badaud", qui enquête sans en avoir l'air, au détour d'une discussion), mais si on était parés pour un rythme mou (ni plus ni moins que celui du feuilleton télévisé), on ne s'attendait pas à autant de laideur visuelle (ces zooms infernaux !). On aurait adoré l'aimer, ce Maigret (à point, saignant, qu'importe).