Maestro
5.9
Maestro

Film de Bradley Cooper (2023)

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A Star I Born m'avait pleinement ravi tant je connaissais l'oeuvre de 1954 avec James Mason et Judy Garland. Cooper avait réussi à se servir de la trame principale pour en faire une oeuvre moderne et maîtrisée, offrant un rôle en or à Lady Gaga, si fort que j'ai eu la sensation de la découvrir pour la première fois.


Cette fois, Bradley Cooper poursuit dans le Biopic avec le désir évident de montrer sa capacité à se renouveler et à évoluer tant sur la forme que sur le fond. De ce point de vue, l'utilisation en 4/3 en noir et blanc pour la première partie de la vie du Chef d'Orchestre, et la couleur pour les parties de la vie de Leonard Bernstein plus récentes permettent de mieux s'y retrouver.


Néanmoins, le parti pris du récit consistant à souligner majoritairement la vie mondaine et/ou sexuelle du Maestro assomme tant on virevolte entre son goût pour les femmes ou les jeunes hommes, son mariage avec Felicia Montealegre et cette capacité à allumer des cigarettes comme un "culbuto" presque à chaque scène a suscité chez moi l'amorce d'une antipathie pour ce chef d'orchestre que je ne pensais pas éprouver.


Au bout d'une heure, on a très nettement l'impression d'être passé à côté de l'essentiel du génie, de sa capacité créatrice et de son sens de la pédagogie. Comme l'écrit "Sergent Pepper":"c'est un choix".


Je trouve qu'il est assez consternant de découvrir des scènes techniquement et artistiquement intéressantes comme la scène en plan fixe dans une pièce de l'appartement de New-York, pendant la fête de Thanksgiving, durant laquelle Felicia a des mots particulièrement durs pour cet homme qui tente de tout mener de front.

Il y a aussi cette séquence située vers la fin où le Maître essaye d'apprendre la richesse de la conduction d'orchestre à un jeune apprenti, dont on s'aperçoit (encore une fois), qu'il finira par flirter avec lui dans une discothèque diffusant du "Depeche Mode", reste l'une des plus intéressantes.


A d'autres moments, il y a des plans ou des scènes plus académiques, moins nécessaires et l'on décroche un peu de l'histoire avec cette envie que ce film se termine, ce qui est en soi bien dommage pour un film qui pourrait se vouloir comme une référence du rythme.


A titre de comparaison, (si un tel exercice est possible), la vision de "OPPENHEIMER" de Nolan m'a semblé bien mieux transcrite et maîtrisé dans cette sorte de "montée en tension" du récit aux enjeux bien plus complexes. Mais c'est l'art de Nolan de ne pas résister devant l'effort de donner à penser plutôt que de se concentrer principalement sur la performance physique pure d'un personnage réel, quand bien même celui-ci était un scientifique.


Mais au bout de 2 heures de ce traitement, et même si on ne peut que reconnaître l'énergie phénoménale que Bradley Cooper insuffle dans cette incarnation dynamique et intense de Bernstein dans les moments de conduction d'orchestre, on reste saisi par la vacuité de certains tics cinematographiques qui supplantent par moments le sujet principal, et qui donnent à penser qu'un autre film aurait pu naître, moins stupéfiant (maquillage et prothèses), mais plus épais sur le fond, notamment sur le processus de création d'un être tel que Leonard Bernstein. C'est sûrement plus facile à dire qu'à faire. Mais ce n'est au final que mon modeste avis.

BriceAngel
5
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le 25 déc. 2023

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