La petite musique de Brizé: sensualité, poésie et impressionnisme...

Stéphane Brizé nous prouve, une fois de plus qu'avec ce film, il a sa petite musique particulière à lui dans sa manière de nous livrer une histoire et de la filmer. Déjà dans "Je ne suis pas là pour être aimé" se dégageait une atmosphère particulière rendant sublime chaque moments, instants ou petits détails du quotidien, Ici cela éclate magnifiquement. Ce ne sont pas les beaux dialogues qui marquent, mais plutôt les maladresses, les silences, les sons (le violon et le vent), les regards et les gestes qui en disent beaucoup plus sur le sentiment amoureux et la passion que n'importe quels mots qui seraient de trop. Il se dégage un sentiment de sensualité profonde, comme si la caméra captait tous les sens. On ressent chaque frémissements, chaque effleurements, chaque sensations, chaque sentiments. On regarde les personnages comme si la caméra nous permettait de les toucher en chair, mais aussi de ressentir leur passion intérieure ou leur âme. Il y a beaucoup de poésie là-dedans, même si au premier abord on se dit que tout est très classique dans la mise en scène, ce qui est faux bien entendu. Parce qu'ici la beauté naît par petites touches délicates et profondes. Le quotidien et le banal sont sublimés ce qui rend le jeu des acteurs profondément émouvant. Si Brizé était un peintre, il serait un impressionniste...
Bien sûr il y a deux acteurs au sommet de leur art: Vincent Lindon (magnifique, dans la retenue et la maladresse,qui trouve ici un de ses plus beaux rôles, de la veine de "Ceux qui restent") et Sandrine Kiberlain (qui n'avait pas eu un aussi beau rôle écrit pour elle depuis belle lurette) qui transpirent d'amour et de retenue, puis Aure Atika (la femme trompée), qui réussit en quelques scènes, notemment celles de la voiture et la scène finale, à imposer un personnage qui aurait pu paraître insignifiant et Jean-Marc Thibault, émouvant en vieux père malade obligé de dépendre de son fils,(Lindon) ce qui nous vaut une très belle scène.
Chez Brizé, il y un mélange de Sautet et de Truffaut, mais il prouve qu'il a son propre style et qu'il est désormais reconnaissable parmis les autres, ce qui n'est pas un mince compliment, surtout en adaptant cette histoire de passion adultère, sujet tant de fois abordé mais a qui, il insuffle son langage et sa poésie propre...

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6

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