Mademoiselle
7.6
Mademoiselle

Film de Tony Richardson (1966)


Le Diable, en latin : diabolus, du grec διάβολος / diábolos, issu du
verbe διαβάλλω / diabállô, signifiant « celui qui divise » ou « qui
désunit » ou encore « qui détruit »



(source : Wikipédia, pourquoi aller chercher plus loin ?)


Un film réalisé dans un village de Corrèze par le réalisateur anglais Tony Richardson sur un scénario de Jean Genet et de Marguerite Duras, là, on se dit, à raison, que de cette combinaison improbable de talents ne peut qu'en ressortir un résultat qui ne peut que donner une oeuvre pour le moins originale. Et par dessus tout cela, on met une grande actrice, au fort magnétisme, qui n'a jamais eu peur du risque et donc des rôles dérangeants, Jeanne Moreau.


On peut ajouter, sans hésiter, avec Cathy Ames d'À l'est d'Éden et Cersei Lannister de Game Of Thrones, Mademoiselle (on ne connaîtra jamais son nom !), la protagoniste de ce film, sur le podium des pires créatures féminines du Diable de fiction. De celles qui sont uniquement venues sur Terre dans le seul but de créer le chaos, de celles qui sont uniquement ici pour bien nous faire rentrer dans la tête que oui le Diable existe bel et bien, et qu'il vaut mieux, si c'est possible, ne jamais le rencontrer.


Mademoiselle, même si elle n'est pas à l'origine de la division, la connerie humaine à base de xénophobie ayant très bien fait tout seul le job, l'a tout de même amplifiée et l'a portée à son paroxysme. Cette division est symbolisée par un bûcheron italien viril, qui n'est pas détesté uniquement parce qu'il est étranger, mais aussi parce qu'il attire les regards jaloux des hommes du fait de ceux bourrés de concupiscence des femmes, qui pourtant tâchent de les cacher sous un amas de bigoterie. Et bien évidemment, Mademoiselle est aussi une frustrée sexuelle animée par une forte concupiscence cachée sous des dehors respectables.


Et puis la destruction (fermes incendiées, inondées, bétails empoisonnés, et pire encore... !) ne fait que confirmer qu'on a véritablement affaire à une créature du Diable. La symbolique est très forte. On verra même un serpent enroulé juste à la ceinture, on entendra même l'histoire d'un autre représentant de Satan, masculin (et réel malheureusement !) cette fois, Gilles de Rais.


Oui, vous vous doutez bien que le climat qui règne ici est très profondément et implacablement noir, que ne fait qu'accentuer la réalisation composée uniquement de plans larges fixes, d'une photographie en noir et blanc faisant la part belle aux contrastes très sombres, et sans la plus petite note de musique. Cette absence absolue et effrayante de concession, due à cette combinaison improbable de talents, et grâce à laquelle Jeanne Moreau trouve un des plus grands rôles de sa carrière, fait de Mademoiselle une oeuvre unique.

Plume231
8
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le 4 août 2017

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Plume231

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