Au bout d’une vingtaine de visionnages, voilà un film qui me met toujours autant mal à l’aise, preuve que sa force demeure intacte en dépit des années qui passent. Mad Max marque toujours autant par sa folie et sa sauvagerie. Dans ce film qui respire la Ozploitation, la barbarie est reine et le peu d’humanité qui reste est broyée par une bande de dégénérés. Le rugissement des motos, les blousons de cuir, les casques, les cagoules, les armes utilisées rendent ce gang effrayant. Capables de tuer pour le plaisir, de violer, de torturer, hommes, femmes, enfants, policiers, leur menace est purement anxiogène. Les revoir courir, à moitié masqués, dans ce grand bois pour traquer la femme de Mel Gibson glace toujours le sang. Les voir rouler sur elle et sur son bébé sur cette route perdue au milieu de nulle part traduit bien la mort de cette humanité. Cette humanité-là est bien irrécupérable et elle entraîne avec elle ceux qui en ont conservé une petite part. Mad Max est, en ce sens, un vrai voyage sans retour, une plongée dans la folie humaine, une humanité qui retrouve sa sauvagerie originelle.


Filmé avec une folle économie de moyen, sans trucages, sans effets spéciaux, le résultat est d’autant plus saisissant. Avec ses astuces bidons qui pénalisent tous les autres concurrents (notamment l’accélération des images), le film porte, au contraire, un cachet unique. Ses cascades sont dantesques, ses courses-poursuites hallucinantes et jamais Fury road, en dépit de son déploiement de moyens, ne peut lutter en termes de claque visuelle. L’amateurisme de certaines prises donne une dimension documentaire qui, forcément, dérange bien plus que des séquences totalement maîtrisées. Mad Max, c’est un film à l’état brut qui parvient à créer une atmosphère crépusculaire en raison même de ses conditions de tournage. Les acteurs dégagent tous une force remarquable : des dingues du gang aux flics allumés en passant par un Mel Gibson déjà magnétique. Et George Miller développe, dès son premier film, un sens du rythme totalement maîtrisé pour servir l’efficacité de son récit.


Film de vengeance d’une folle noirceur, tout a déjà été dit sur Mad Max. Son influence sur le cinéma américain et tout un pan culturel en fait forcément un film important dans l’histoire. Cette série B filmée avec trois sous est l’illustration que le talent n’a pas forcément besoin d’argent pour atteindre sa cible. L’ensemble regorge d’idées visuelles et sonores remarquables, accompagné d’une musique signée Brian May (la seule vedette du film au moment de son tournage) qui colle parfaitement à cette ambiance de fin du monde. L’équipe reviendra, chose rare, avec une suite encore meilleure. Le reste de l’aventure est une tout autre histoire.


Play-It-Again-Seb
9

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le 4 nov. 2023

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