Pour être honnête, je ne suis toujours pas sûr de ce que je viens de voir. Il y a plusieurs possibilités : soit Rodriguez se fout de ma gueule (tiens je le rajoute dans la liste, dans le doute), soit il tient le chef d’œuvre du WTF maitrisé dans une démarche complètement réfléchie, soit il vient de pondre le nanar le plus friqué de l’histoire avec le premier degré le plus obscène auquel un réalisateur puisse se laisser aller.

Soit il se fout vraiment de ma gueule.

Je sais que les sceptiques et les puristes (pléonasme) discutent la démarche grindhouse de Rodriguez, doutant de la pertinence, de la sincérité, et de la nécessité de produire de nos jours du cinéma bis plus proche d’un ersatz dégénéré que d’un véritable hommage dépourvu de cynisme. En effet, quel intérêt de rajouter du grain et des rayures pour dégueulasser une pellicule qui de toute façon a été numérisée pour incruster explosions et litres d’hémoglobine en bouillie numérique ?

D’un côté, comment leur donner tort : déjà parce que du vrai bis bien root il en existe une chiée et du bien bon et bien gras, puis parce que si tu veux te la jouer direct et tranchant, te la raconter à l’ancienne, ben alors faut virer les simagrées et les artifices, montrer les cojones au lieu des bourses.

Pourtant, le premier Machete m’avait bien emballé : mon Trejo d’amour en premier rôle, de la machette, du WTF saupoudré de ci de là, du guest (Cheech Marin, Seagal, Savini), du nichon et des p’tits culs, du cuir, de la poudre, de la poussière, du rock’n roll au tabasco ; du neo mexploitation qui rempli le contrat, quoi.

Mais là… non, je sais toujours pas ce que j’ai vu.

Une histoire absolument crétine (jusque là pas de souci) dans laquelle vient se greffer un bordel SF indigent (ça commence à puer) prétexte à des scènes faussement bis insultantes (salopard de mexicain de merde) à base de clones, de pistolets lasers, de pulvérisateurs moléculaires, de fuite vers l’espace annonçant un troisième film se déroulant dans les étoiles (hijo de puta) avec un méchant masqué qui porte une cape de…de…de… QUOI ?

Et pas un téton qui ne pointe son bout en plus ?!

Amber Heard nous la joue allumeuse de cours de récré, aussi érotique qu’une pub pour déodorant, Trejo semble sur le point de s’endormir à chaque plan, Banderas est sous exploité, Lady Gaga est sous exploitée, Gooding Jr est sous exploité, ça fait beaucoup pour un film d’exploitation. Sadler est sous exploité aussi, au fait.

Heureusement que Savini nous précise qu’on n’est pas dans un Tarantino, des fois qu’on n’aurait pas remarqué.

Rodriguez se recycle, allant même jusqu’à nous ressortir le flingue phallique de Sex Machine pour doter machine d’arguments plus frappant que son soutif à deux balles (blague inside).

À ce stade de la rétrospection, je me rend compte que ce film se fout vraiment de ma gueule : scénario débile alors que le crétin frontal aurait été plus noble et sincère, dialogues caricaturaux et donc punch-lines en omelettes norvegiennes, happening foireux, acteurs en roue libre, guests gachés, montage grossier (me dites pas que c’est « concept » merci), réalisation à la jetée, écriture sans autre ambition que d’être maladivement poussive, et effets spéciaux insultants pour couronner le tout.

La couronne du roi de la merde.

Comme le disait un eBayer avisé : trop de surenchère tue la surenchère. Les conneries s’enchainent à un tel rythme, avec une telle insistance, une telle improbabilité, que le WTF se transforme en nanardise tendant vers le volontaire, et donc le foiré.

C’est ridicule, c’est trop, c’est dommage.
real_folk_blues

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