Ma vie avec Liberace, c’est avant tout la splendeur d’une direction artistique de haute volée. Eblouissante photographie, merveilleuse gestion des ambiances lumineuses dans un déballage continuel de kitch entièrement connoté (on croule sous les lustres en cristal, les statues grecques et les bibelots de porcelaine), Ma vie avec Liberace est un bonheur pour l’œil, chaque scène bénéficiant d’une esthétique soignée. C’est peut être le plus bel objet de la carrière de Soderberg. Un magnifique écrin pour un histoire d’amour gay finalement classique, mais retranscrite avec une passion sincère. Si l’entrée du film pouvait un peu éveiller la suspicion (le film cherche beaucoup à faire rire en pénétrant le quotidien de Liberace et en exposant tous ses tics homosexuels (si on m’autorise l’expression, un peu michou quand même (mon dieu, ces caniches…))), il gagne indubitablement en sincérité au fur et à mesure que l’histoire se développe, et qui d’ailleurs ne s’attarde pas sur la sexualité de nos personnages (du moins, pas quand elle n’est pas un problème). Il y a une certaine déférence envers les personnages interprétés ici, et si les excès de chacun sont retranscrits sèchement, le film se rapproche toujours au plus près d’eux, délaissant parfois la réalité pour s’offrir de véritables moments de cinéma (le final, ultime déclaration en paillettes dynamitant les yeux, les oreilles et le cœur). L’objectif du biopic, sur la longueur, est finalement plutôt d’illustrer les aléas d’une vie de couple, ici homosexuel et célèbre, souhaitant conserver leur bonheur à l’abri des regards indiscrets (plutôt par peur du scandale). Il est atteint, l’état d’esprit du film changeant en cours de route, focalisé sur le parcours de Scott, qui est d’ailleurs notre référent (on découvre Liberace avec lui). Les hésitations, les joies, qui se muent en peine, en blessures, en mesquineries… Jusqu’aux coups dans le dos, et dans l’humiliation du reniement de la relation au cours de batailles juridiques. Le parcours de vie sonne juste, les mêmes séquences utilisées avec humour dans l’introduction prennent une tournure tragique au cours de la seconde moitié du film… Soderberg a suffisamment potassé son sujet pour livrer un drame honnête et efficace, ponctué de vrais instants d’émotion. Avec en prime le sel de retrouver des acteurs hollywoodiens dans la peau de personnages aussi hauts en couleurs.
Voracinéphile
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le 27 sept. 2013

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