Certains diront que l'amour (pour Dario) rend aveugle...

Il est très rare que je conseille un film noté 5 mais il y a plusieurs raisons à cela : tout d'abord il s'agit clairement du meilleur film de Dario Argento, que même ses plus grands fans croyaient fini, depuis "Le Syndrome de Stendhal", et rien que ça ça se fête.

Il y a aussi de très belles choses dans ce "Lunettes noires", entre autres les dix premières minutes et en particulier cette scène d'éclipse absolument splendide à tous les niveaux ou ce meurtre initial qui nous rappelle les plus grandes heures du maître du giallo. Ou encore la musique d'Arnaud Rebotini, qui a remplacé sur le projet les Daft Punk suite à leur séparation et rend merveilleusement hommage aux Goblin et donc au genre, nous balançant ainsi un bon coup de nostalgie.

Car oui c'est certainement le plaisir régressif, le souvenir des "Suspiria" et autre "Profondo rosso" qui ont bercé la cinéphilie d'un bon nombre d'entre nous, les clins d’œil à "Maniac" ou "Halloween" qui nous font pardonner à Papy Dario quelques moments moins inspirés, parfois même des plans téléfilmesques, une actrice choisie certainement sur des critères plus esthétiques que purement artistiques. En parlant d'esthétique ne vous attendez pas à retrouver ici les tableaux à la colorimétrie folle d'antan, est-ce par manque de moyens ou par choix, toujours est-il que la photo est certes soignée mais sage.

En résumé ce film est loin d'être indigne, surtout si on regarde un peu dans le rétroviseur, et il aurait clairement eu sa place sur grand écran plutôt que sur C+ où il devrait se retrouver directement dans quelques mois. L'occasion pour moi de saluer tous ceux qui osent encore des choses dans les salles et qui choisissent lors de la Nuit du Cinéma Européen de passer ça plutôt qu'un gros film qui aurait forcément généré plus d'entrées. Oui oui il survit des endroits où parfois on privilégie le plaisir des amoureux de cinéma au tiroir-caisse.