Un homme blanc se marie avec une femme noire. L'État de Virginie trouve ça moyennement mignon vu que là-bas c'est interdit par la loi. 1958 c'est proche et loin à la fois.
★★★☆
Après un Midnight Special ambitieux et franchement bancal, Jeff Nichols a tenté de retrouver un peu de simplicité. Bien lui en a fait. Loving est un très beau film, tout en sobriété et en émotion contenue. Les héros ne se lancent jamais dans des tirades endiablées ou dans des crises de colère incontrôlables. Et pourtant, il y avait matière... Non, ils veulent juste qu'on leur foute la paix et ils sont prêts à se baisser les yeux pour ça. C'est ce sentiment de soumission (qui se transforme en paranoïa chez le mari) qui est au cœur du récit. Les époux Loving sont dépassés par des événements qui leur échappent et qu'ils veulent plus échapper que combattre. La réalisation épouse ce point de vue : on reste dans la bulle familiale et même tout l'aspect judiciaire (habituellement bien en vue dans les productions américaines) reste en retrait.
Ainsi, le film peut parfois revêtir un aspect austère mais la finesse d'écriture des personnage et la vie qu'ils dégagent malgré les épreuves est magistralement rendue. Tout se joue dans les regards. La scène avec le photographe de Life en est la parfaite illustration.
Malgré une fin un poil longuette et qui n'évite pas les écueils des films "tirés d'une histoire vraie", Loving offre un joli moment d'amour platonique et de révolte tranquille qui fera écho à l'actualité.
- Si vous avez manqué le début
Les deux amants sont déjà en couple depuis longtemps. Le gars a des projets : mariage, maison, avenir dégagé. La fille est enceinte. Le film nous épargne gentiment la scène de rencontre et les débuts amoureux dont on se fout pas mal, finalement.