God only knows how much I love this movie...

J'ai adoré ce film, et pourtant j'ai été incapable de sortir autre chose qu'une critique de faignant en mode "point par point". Du coup, allons y:

Premier point : L'histoire.
Pour ce qui ne connaissent pas le personnage, Brian Wilson, principal compositeur des Beach Boys, est un génie de la musique, au sens où il possède un don pour les harmonies, la composition des mélodies... Sur ce point là, c'est une sorte de "Mozart du XXème siècle" (AMOUREUX DE LA MUSIQUE CLASSIQUE, TAPEZ MOI MOINS FORT).
Totalement soumis à son père (à l'instar de ses deux frères, également membres du groupe), depuis sa plus tendre enfance, il est d'un naturel renfermé, presque autiste. C'est l'acteur Paul Dano (le grand frère daltonien dans "Little Miss Sunshine") qui interprète le Brian des années 1960, au sommet de la gloire des Beach Boys.
La consommation excessive de drogues et ses traumatismes infantiles l'ont rendu un peu dingue durant cette période et il a connu une longue traversée du désert.
Le Brian de la fin des années 1980/début 1990's, usé par ses excès, aux traits fatigués alors qu'il est au milieu de la quarantaine, suivi par de multiples médecins, psychiatres, etc..., est joué par John Cusack.
Le film alterne entre la vie de ces deux Brian avec une fluidité et une cohérence remarquable.
J'ai quand même été titillé par quelques (rares) raccourcis et facilités scénaristiques mais je ne vais pas rentrer dans les détails de l'histoire parce que je me la joue "NO SPOILERS".

Deuxième point : Les acteurs
Paul Dano comme John Cusack sont à couper le souffle. Le premier arrive à emmener le spectateur dans l'esprit d'un garçon tourmenté, soumis à des influences contraires, seulement à l'aise avec lui même et sa musique. On a envie de dire à tous les personnages qui le voient comme un perché, un marginal : "Laissez le être génial et allez vous faire foutre avec vos préjugés !"
Mais c'est Cusack qui m'a le plus impressionné. Ce n'est plus le père de Brian qui lui pourrit la vie lorsqu'il est âgé mais son "médecin" qui, sous couvert d'assurer sa santé, l'escroque et le bousille à grand coups de médocs. Cusack joue à merveille cet homme mature qui agit comme un enfant apeuré, parle très peu, exprime ses émotions avec la plus grande simplicité, la plus grande honnêteté. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un personnage aussi touchant à l'écran.
Elizabeth Banks, qui sera en quelque sorte la "sauveuse" de Brian (âgé), joue également très bien son rôle avec une sobriété remarquable. Banks et Cusack fonctionnent à merveille ensemble, on ne peine pas une seconde à croire en la force de leur relation.
Le médecin taré et manipulateur (interprété par Paul Giamatti) est légèrement surjoué, par contre. Son cynisme et sa cruauté sont extrêmement exacerbés, surtout vers la fin du film.
Voilà voilà pour les acteurs principaux. Retenez vraiment que les deux premiers portent le film et que les autres font un boulot plus qu'honnête !

Troisième point : Les plans, techniques de filmage, le son...
Les séquences faisant apparaître Wilson jeune sont filmées à la manière d'un reportage qui ne dit pas son nom. La caméra tremble légèrement, insiste beaucoup sur les plans de groupe (Brian et ses frères, les musiciens de studio...). La folie grandissante du jeune Brian est extrêmement bien mise en scène, avec des montées bruitistes plongeant le spectateur dans l'angoisse de l'homme (sans avoir recours aux effets sonores putassiers couramment employés par Hollywood).
En ce qui concerne les scènes avec le Brian âgé, on est souvent dans des décors très sobres, dépouillés (chambre, rues...), ce qui appuie la solitude permanente du personnage.
Je vais arrêter là pour cette partie car je ne suis pas du tout expert en la matière et je ne voudrais pas contrarier les initiés, c'est pourquoi on passe à la dernière partie, celle que vous attendez toooous...

Quatrième point : La Musique.
Le fan que je suis s'est régalé. Au delà des chansons populaires des Beach Boys comme "Get Around" ou "Good Vibrations", les séances de répétitions et d'enregistrement en studios prennent une place importante et sont très bien réalisées. On a donc droit à des versions instrumentales, des démos non abouties, des harmonies séparées des autres... Le processus de création de la musique est très bien mis en avant, avec un réel souci de réalisme concernant les techniques d'enregistrement.
J' en ai encore des frissons... Bref.

Pour conclure, "Love and Mercy" est un film très émouvant, jamais larmoyant, porté par d'excellents acteurs et une bande son des plus agréables.
Quelques facilités scénaristiques vers la fin, on frôle parfois le cliché de la relation amoureuse hollywoodienne sans se le prendre en pleine gueule... Mais ceci est trèèèèès largement compensé.